Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Epiphanie 2016, sous une étoile teinte de sang

24.01.2016 Padre Manuel João Pereira, MCCJ

Aux amis qui attendent de mes nouvelles et me demandent comment je me porte, je réponds: je me porte bien ! Ne me demandez pas si mieux ou pire, je dis tout simplement que je me porte bien. Porté par ma chère compagne SLA (Sclérose latérale amyotrophique) et confié aux soins de mon ange gardien, le père Ignatio, je continue sereinement mon chemin. Certes, je ne parviens plus à faire mes incursions d’avant dans les couloirs de la maison avec ma « Ferrari », c’est-à-dire mon fauteuil roulant électrique (au grand soulagement des confrères !). Le cou, pour sa part, commence à ne plus supporter le poids de ma tête (alors elle n’est pas aussi vide ma caboche !). Mes bras et mes mains, enfin, ont décidé de se mettre en grève. Je suis donc obligé de recourir à de nouvelles techniques pour parvenir à écrire à l’ordinateur (le Patron est en train de me tirer la ficelle, mais il me console que, de cette manière, je serai plus proche de Lui !). Ma bouche, elle, fonctionne encore très, très bien, pour manger et parler, sourire et chanter !

J’ai passé la Semaine Sainte et la Pâques à l’hôpital à cause d’un petit problème au cœur (mais ne vous en faites pas: ce ne sera pas le cœur à m’emporter, car ma compagne SLA est trop jalouse pour m’abandonner dans les mains d’un autre !). Pâques, donc, a été très spéciale, une expérience unique de totale immersion dans la souffrance humaine.

Au mois d’octobre dernier, avec le père Ignatio, j’ai eu l’opportunité de prendre part à un pèlerinage de malades à la Vierge de Lourdes, en train. Nous étions 600. Quelle joie que de rendre visite à la Vierge dans une de ses “maisons” privilégiées. Elle qui prend tant de soins à me visiter chaque jour ! J’ai même pu m’immerger dans la piscine (bien que l’eau fût gelée !), avec le désir de renaître de son sein maternel.

Et puis c’est Noël qui est arrivé. Et moi, une fois de plus, j’arrive en retard. Je ne suis pas comme les Bergers qui se pressent d’arriver chez l’Enfant. Je suis plutôt comme les Mages qui parviennent à Bethléem au terme d’un long voyage de recherche. J’espère seulement de ne pas arriver trop tard, après le passage d’Hérode. Je m’accompagne donc aux Mages d’Orient.

Cette année leur recherche a été particulièrement ardue. L’Etoile d’Orient s’est teinte de sang et a été éteinte par des mains assassines. A grand-peine ils sont parvenus à Jérusalem. Et là aussi les contretemps n’ont pas manqué. Il n’a pas été possible d’atteindre Bethléem. Un mur très élevé a été bâti par un nouvel Hérode régnant. En vain nous avons cherché l’Enfant. Et ne l’avons pas trouvé.

Quoi faire donc ? Où sera-t-elle partie s’abriter la Sainte famille ? A-t-elle fui en Egypte ? Hélas, en Egypte, là où un jour avaient trouvé hospitalité Jacob et ses enfants, règne à présent un « nouveau pharaon » qui ne connaît pas Joseph. Ils auront fui peut-être vers la terre de leurs pères, Ur des chaldéens ? Pire encore. Cette terre-là est devenue terre de terribles pillards, disciples du drapeau noir avec lune pleine qui sème partout mort et terreur.

Où la chercher, donc ? Et voilà qu’une nouvelle étoile nous guide « par un autre chemin », vers les foules immenses de réfugiés qui, ne trouvant pas de terre d’accueil, prennent la route de la mer, leur ultime espoir. Mais là encore, outre la fureur des eaux, ils doivent faire face aux pirates sans scrupules, prêts à les vendre, à les exploiter comme de nouveaux esclaves ou même à les jeter à la merci des flots. Une aventure qui se termine souvent en un tragique épilogue.

Parcourant avec angoisse les files interminables de familles qui fuient avec leurs enfants, nous cherchons parmi elles l’Enfant divin annoncé par l’Etoile teinte de sang. Sera-t-il encore vivant ? Ne serions-nous pas arrivés trop tard pour l’arracher aux mains de tant d’Hérode qui portent atteinte à sa vie ? Ne sera-t-il pas lui le petit Aylan que les vagues de la mer ont pieusement déposé sur la plage ?

Voici donc mes vœux pour cette nouvelle année 2016, Année de la miséricorde : que l’Enfant Jésus, comme le petit Aylan, puisse reposer sereinement dans le berceau de notre cœur et rêver des cieux étoilés et une terre nouvelle où règnent la paix, la justice et la miséricorde.

La solidarité avec tous ceux qui souffrent est ma nouvelle mission, et l’intercession dans la prière, mon nouveau ministère !

Je vous porte tous dans mon cœur,

Père Manuel João Pereira Correia  (combonien)

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