Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Est-ce l'ONU que nous voulons ?

New York 13.07.2020 Jpic-jp-org Traduit par: Jpic-jp.org

Cette section de notre Newsletter s’est occupée pendant 18 mois d’introduire et présenter les 17 objectifs de développement durable (ODD). Nous continuerons à dédier cet espace à l'ONU, en présentant ses commissions, ses organisations, les thèmes et problèmes de cet organe mondial qui après avoir éveillé, comme d'autres institutions, de nombreux espoirs, a le gout amer de trop de déceptions.

 

Cette année 2020, l'ONU fête ses 75 ans d'existence. Peu pour les problèmes rencontrés et la portée de ses objectifs. Beaucoup pour le peu des résultats obtenus. L'effort de présenter une institution qui montre des signes de décadence n'éclipse pas cependant la volonté de beaucoup de rajeunir le seul organisme mondial qui, en raison de ses ambitions à la naissance, de ses statuts et de son expérience est aujourd'hui la seule instance qui pourrait garantir un avenir de paix, de bien-être et de progrès social, si seulement elle pouvait réussir à faire passer à la pratique le préambule de sa Charte fondatrice. Là, il est proclamé :

« Nous, Peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances ; à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites ; à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international ; à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande ; et à ces fins

  • à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage,
  • à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales,
  • à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu'il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l'intérêt commun,
  • à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous les peuples, nous avons décidé d'associer nos efforts pour réaliser ces desseins ».
    Dans un article du 9 juin 2020 pour IPS, Thalif Deent dénonce le premier obstacle à une ONU efficace au service de ses idéaux fondateurs : Les chefs de l'ONU réduits au silence par les grandes puissances avec droit de veto (UN Chiefs Silenced by Big Powers with Vetoes).
    Et il part d'un exemple. Les protestations contre l'injustice raciale et la brutalité policière des Etats-Unis se sont répandues à travers le monde tout comme le rejet de l'imposition militaire de l'autoritarisme chinois à Hong Kong. Des mots forts ont été utilisés pour condamner les régimes despotiques par les gouvernements, les diplomates, les journalistes, les militants, y compris les États-Unis contre la Chine et la Chine contre les États-Unis.
    Mais un secrétaire général de l’ONU, passé ou présent, a-t-il jamais eu le courage de condamner, dans des termes aussi durs, les dirigeants politiques des États-Unis ou de la Chine, deux membres permanents ayant le droit de veto au Conseil de sécurité ? « Jamais », dit un ancien ambassadeur et représentant permanent auprès de l'ONU, « surtout si un secrétaire général prévoit de briguer un second mandat et donc que la menace d'un veto pèse sur sa tête ».
    Une solution au problème serait-elle alors de modifier les termes du mandat de Secrétaire Général de l’ONU, de 4 ans avec possibilité de réélection, à 7 ans de mandat unique ?
    Le problème n'est pas là, mais dans le fait que Ban Ki-moon, secrétaire général entre 2007 et 2016, et l'actuel secrétaire général, Antonio Guterres, n'ont pas prêté attention aux trois mots les plus importants par lesquels commence la Charte de l'ONU : Nous les peuples.
    « Les deux ne rendent des comptes qu'aux gouvernements ; c'est comme si les peuples du monde n'existaient pas. En conséquence, il n'y a ni transparence ni compte-rendu des responsabilités », explique Lewis, qui était l'envoyé spécial de l’ONU pour le VIH / Sida en Afrique, et cofondateur et codirecteur de AIDS-Free World.
    « António Guterres a postulé pour un deuxième mandat depuis janvier 2017 », depuis sa prise de fonction donc, décevant beaucoup de monde par son « absence ». « Nous devons nous souvenir de l'ancien secrétaire général Ban Ki-moon, qui se targuait d'être l'homme invisible. Il a eu ses deux mandats. Guterres utilise la même stratégie », explique Weiss, professeur de science politique, directeur émérite de l'Institut Ralph Bunche d'études internationales (CUNY Graduate Center), dans un article sur PassBlue intitulé Will the UN make it to 100? (L'ONU arrivera-t-elle à 100 ans ?).
    Du rêve initial d'être une famille de nations, l'ONU est devenue un club de gouvernements.
    Jamais un secrétaire général de l'ONU n'a eu le courage de se lever et de dire la dure réalité aux 5 pays qui ont un droit de veto, en particulier pour critiquer la Chine et les États-Unis. S'ils l'ont fait et faiblement ce fut lors de leur second mandat, lorsque l'ambition d'être réélu ne comptait plus.

Eh bien, pas tous. « Boutros Boutros-Ghali, qui a exercé les fonctions de Secrétariat général entre 1992 et 1996, a peut-être été l'une des rares exceptions dans les 75 ans d'histoire de l'ONU et il a payé la peine ultime d'être banni d'un deuxième mandat, bien qu'il ait obtenu une écrasante majorité de 14 des 15 votes au Conseil de sécurité de l'ONU. Mais les États-Unis ont opposé un veto véhément à sa candidature pour un second mandat », se souvient Thalif Deent.

Boutros-Ghali a raconté ce veto dans un livre comme « une distinction singulière » pour avoir fait de lui le seul secrétaire général de l'ONU à ne pas obtenir un second mandat. Dans ses mémoires, « Indomptable : une saga États-Unis - ONU », il se dit fier d'avoir payé pour défendre ses convictions, admettant même qu'il a été parfois contraint de céder aux diktats de Washington.

Une étude de 1996, sous les auspices de la Fondation Ford (New York) et de la Fondation  Dag Hammarskjold (Stockholm), accuse les grandes puissances mondiales de manipuler l'élection du secrétaire général pour s'assurer que les chefs de l'ONU soient des créatures politiques sans aucun esprit propre. « Il est impossible d'échapper à l'impression que de nombreux gouvernements, dont certains des plus puissants, ne veulent pas d'un leader fort et indépendant comme secrétaire général ».

Selon les auteurs de cette étude, Brian Urquhart et Erskine Childers, tous deux anciens hauts responsables de l'ONU, la sélection du secrétaire général est littéralement une affaire de « copinage ».

Selon le susmentionné Lewis, il n'y a pas de liberté d'information à l'ONU. C'est ce qui rend des gouvernements comme celui de la Suède frustrés, pensant à raccourcir le mandat du secrétaire général. « Le Secrétaire général devrait être tenu de réunir une conférence de presse ouverte au moins une fois, de préférence deux fois par semaine, avec un positionnement critique des médias pour lui poser des questions. Si tel était le cas, toute la culture de son bureau changerait », a-t-il assuré. « C'est leur comportement, plutôt que leur longévité, qui doit être réformé », explique Lewis, qui a lancé la campagne Code Blue pour mettre fin à l'impunité des abus sexuels commis par le personnel des Nations Unies.

Voir UN Chiefs Silenced by Big Powers with Vetoes. Voir aussi A Genève, des jeunes plaident pour une ONU plus démocratique, ouverte et participative

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