Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Deux poids, deux mesures de l'ONU sur la violation des droits de l'homme pour protéger les grandes puissances

IPS 25.06.2021 Thalif Deen Traduit par: Jpic-jp.org

On s'attendait à ce que le rapport annuel de l'ONU sur les enfants et les conflits armés puisse « nommer et faire honte » à certains des pires violateurs des droits humains au monde, en particulier ceux qui maltraitent les enfants.

Au contraire, ces violeurs ont été protégés - et jamais stigmatisés - dans le rapport du Secrétaire général António Guterres devant la 75e Assemblée générale, en juin dernier, malgré les centaines d'enfants tués par les parties belligérantes dans les conflits actuels, notamment au Yémen, en Syrie et au Myanmar, pays dont les États-Unis, la Russie et la Chine sont des fournisseurs d'armes.

Une position qui a suscité les critiques des observateurs de l'ONU et des organisations de défense des droits humains.

Jo Becker, directrice de la défense des droits de l'enfant à Human Rights Watch (HRW), déclare : « Nous sommes déçus que le Secrétaire général n'ait pas utilisé la 'liste de la honte' pour pousser toutes les parties responsables à rendre compte de leurs graves violations contre les enfants ».

Le message qu'elle envoie à la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite concernant ses opérations au Yémen est que « tant qu'ils tuent et mutilent moins d'enfants que l'année précédente, ils vont rester hors de la liste ».

« Nous avons également vu dans le cas du Myanmar à quel point il a été désastreux de retirer les Tatmadaw (les forces armées du pays) de la liste alors qu'ils continuaient à recruter et à utiliser des enfants ; le nombre a triplé l'année suivante », a critiqué la militante des droits humains.

De l'avis de Becker, le Secrétaire général ne devrait pas prendre de décisions sur la liste en fonction de ses espoirs d'amélioration future, mais fonder ses actions sur des faits documentés sur le terrain. « Son obsession répétée à ne pas fonder sa 'liste de la honte' sur les preuves de l'ONU même trahit les enfants et alimente l'impunité. Maintenant que son deuxième mandat de Secrétaire général est assuré, il devrait abandonner cette approche et veiller à ce que la liste reflète les faits », a insisté Becker, rappelant que Guterres a été réélu pour le mandat 2022-2027.

De l'avis de la directrice de HRW, « le Conseil de sécurité de l'ONU devrait insister pour que le Secrétaire général présente la liste de tous les infracteurs, sans exception ». Mais c'est difficile car parmi les membres permanents de ce directoire de l'ONU figurent des majeurs violateurs des droits de l'enfant dans les conflits actuels.

L'Arabie Saoudite, bénie par le pétrole, est à la tête d'une coalition dans le conflit militaire au Yémen, et est aussi une alliée politique et militaire de longue date des États-Unis, qui, avec la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie, disposent du droit de veto au Conseil de sécurité.

La Russie fournit un soutien politique et militaire à la Syrie déchirée par la guerre, tandis que la Chine, l'un des plus grands fournisseurs d'armes du Myanmar, a sapé les tentatives du Conseil de sécurité d'imposer un embargo sur les armes à ce pays en proie au conflit après le coup d'État militaire d'avril.

Ian Williams, président de la Foreign Press Association (FPA) basée à New York et auteur de « The UN Speaks: The Real Story of the United Nations in Peace and War », affirme que Guterres « a adopté un profil des droits de l'homme suffisamment bas pour qu’on puisse le considérer comme souterrain ».

L'histoire suggère que l'une des rares armes à la disposition du Secrétaire général et de l'ONU dans son ensemble est de « nommer et de faire honte ». Mais il est également vrai, a-t-il reconnu, que de nombreux États membres de l'ONU manquent de principes pour émettre des critiques si l'on n'utilise pas cette prérogative, et il a cité en exemple le cas des 57 pays qui composent l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), qui refusent de soutenir les Ouïghours.

Mais, malgré les obstacles et la crainte de bouleverser les grandes puissances qui contribuent majoritairement au budget de l'ONU et le Conseil de sécurité, Williams estime qu'un « Secrétaire général éthique et direct, en tant que tribun de la Charte de l'ONU, pourrait changer les données », ou du moins essayer.

« Si Guterres se soucie plus de la postérité que de sa pension, et s'il veut rester dans les livres d'histoire et non dans les notes de bas de page, il devrait dire la vérité aux pouvoirs », déclare Williams, ancien président de l'Association des Correspondants de l'ONU (UNCA, en anglais).

Il vient de rappeler que les secrétaires généraux de l'ONU ont essayé différentes méthodes dans leur mandat, bien qu'aucune n'ait été entièrement couronnée de succès.

« Kofi Annan (1997-2006) a essayé l'approche douce. Ban Ki-moon (2007-2016) tentait d'être poli en public, ferme lors des réunions avec les chefs d'État et en colère en privé contre les insultes gratuites qui lui étaient adressées », a déclaré Williams à propos des prédécesseurs de Guterres.

Les commentaires les plus critiques sur la position que Guterres assume dans ses rapports sont peut-être ceux de Kenneth Roth, directeur général de HRW.

« Le premier mandat de Guterres a été caractérisé par un silence public sur les violations des droits humains par la Chine, la Russie et les États-Unis et leurs alliés », a-t-il déclaré, faisant référence à trois des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU avec droit de veto.

Après sa réélection, « Guterres devrait utiliser les cinq prochaines années pour devenir un ardent défenseur des droits. Sa récente volonté de dénoncer les abus au Myanmar et en Biélorussie devrait être élargie pour inclure tous les gouvernements qui méritent d'être condamnés, y compris ceux qui sont puissants et leurs protégés », a-t-il affirmé.

Depuis son entrée en fonction en janvier 2017, l'homme politique et diplomate portugais a rarement critiqué ou appelé à leur responsabilité certains gouvernements ou leurs dirigeants, affirme Roth.

Guterres - a-t-il rappelé à titre d'exemple - « a adopté une approche non conflictuelle envers les efforts de l'ancien président américain Donald Trump, pour marginaliser les droits de l'homme en sapant les organisations multilatérales telles que l'ONU et en embrassant des dirigeants autoritaires ».

Il a adopté une approche similaire en ce qui concerne les crimes contre l'humanité au Xinjiang par le gouvernement chinois, désormais le deuxième contributeur financier à l'ONU, après les États-Unis, et sur les crimes de guerre de l'Arabie Saoudite au Yémen, déplore Roth. Il ajoute que Guterres a été également réticent à critiquer les abus du gouvernement russe, pour avoir abuser de son droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer les résolutions relatives aux droits de l'homme en Syrie et ailleurs. Guterres devrait également exercer un leadership plus fort contre le recul mondial des droits des femmes, a-t-il ajouté.

Selon le réseau international Watch List on Children and Armed Conflict, (Liste de surveillance sur les enfants et les conflits armés), le Secrétaire général, dans son rapport de 2020, a retiré la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis de sa liste annuelle des violateurs des droits de l'enfant, même si l'ONU a estimé qu'elle était responsable de la mort et de la mutilation de 222 enfants au Yémen en 2019. À l'époque, il avait promis de la réinsérer si elle ne parvenait pas à réduire les violations de manière durable.

« Comme le montre le dernier rapport de l'ONU, la décision du Secrétaire général de retirer la coalition dirigée par les Saoudiens et les Émirats de sa ‘liste de honte’ de l'année dernière a envoyé le message clair que les parties peuvent s'en tirer en tuant des enfants », a déclaré Adrianne Lapar, directrice de la liste de surveillance. « Si le Secrétaire général ne revient pas immédiatement sur sa décision et ne remet pas la coalition sur sa liste, il sape sérieusement les efforts internationaux pour protéger les enfants en situation de guerre et encourage les belligérants à être plus violents envers les enfants », a-t-elle déclaré.

Pour sa part, Save the Children, une organisation humanitaire pour les enfants, a noté que 194 enfants yéménites ont été tués et mutilés en 2020, mais le rapport Guterres sur les enfants et les conflits armés continue à ne pas mettre en cause les responsabilités des auteurs. Malgré les meurtres au Yémen en 2020, selon les propres données de l'ONU, « la coalition dirigée par les Saoudiens et les Émirats reçoit le feu vert pour continuer à détruire la vie des enfants au Yémen », a critiqué l'organisation, considérant cette attitude comme « une décision déroutante ».

La coalition a été retirée de la liste l'année dernière, avec l'engagement du Secrétaire général de la réinscrire à moins qu'il n'y ait une « baisse significative et soutenue des décès et des mutilations », a rappelé Save the Children. Guterres envoie le message que réduire le nombre d'enfants victimes à environ deux cents est un progrès « assez bon ».

Matthew Wells, directeur adjoint du Programme de Réponse aux Crises d'Amnesty International, a déclaré que Guterres, maintenant qu'il a obtenu un deuxième mandat, « doit être plus audacieux et plus courageux pour donner la priorité aux droits humains et dénoncer les auteurs, même en ce qui concerne les enfants et les conflits armés ». « Il doit s’engager publiquement à appliquer les mêmes critères, quels que soient les auteurs ou le contexte, et à développer une liste complète basée sur des preuves et des critères objectifs, ce qu’il n’a pas fait cette année », a-t-il souligné.

L'année prochaine, il doit suivre les critères établis en 2010 ; la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite et l'armée israélienne, entre autres, seront à nouveau un test clé, ont convenu les spécialistes et les organisations consultées. De leur côté, les États membres de l'ONU doivent exiger une liste crédible. « Pourquoi les équipes sur le terrain se mettent-elles en danger pour documenter des violations qui sont ensuite ignorées ? », s'est demandé Wells.

Voir l’original Doble rasero de la ONU en violación de DDHH protege a grandes potencias

Photo. Niños en Douma, en la región siria de Ghouta, cerca de Damasco. Douma acoge a más de 250.000 personas que viven en medio de una destrucción urbana a gran escala. © Sanadiki / Unicef.

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