Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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L’eau : d’un droit universel à un produit marchand

es.aleteia.org 04.04.2025 Luis Carlos Frías Traduit par: Jpic-jp.org

En dépit du formidable développement scientifique, technologique, macroéconomique et social que nous avons atteint à l’échelle mondiale, nous faisons face à un problème d’une brutalité extrême : des millions de personnes n’ont pas accès à une eau suffisante et de qualité pour mener une vie conforme à leur dignité de fils de Dieu. L’Église propose, sur ce sujet, la lumière et l’orientation de sa Doctrine sociale.

 

L’effondrement environnemental se manifeste sous des formes multiples : d’un côté, la sécheresse et la désertification qui dévorent d’immenses étendues de terres fertiles ; de l’autre, les précipitations extrêmes qui provoquent de vastes inondations et une destruction généralisée ; et encore, la fonte des glaces polaires qui entraîne l’élévation du niveau des océans. Par ailleurs, la disponibilité d’eau potable diminue à cause de l’épuisement des sources dû à la surexploitation, tandis que la demande augmente en raison de la croissance démographique et de la consommation excessive dans les pays développés.

Nous sommes donc à la croisée des chemins, où le droit humain à l’eau a été reconnu au niveau international, mais sa protection par les autorités n’a pas été assurée avec l’efficacité qu’impose ce droit.

Les défis de l’eau

L’ONU résume les défis mondiaux liés à l’eau en dix points. Les quatre plus significatifs sont :

·         2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité. Parmi elles, 771 millions ne disposent même pas de services de base.

·         Plus de la moitié de la population mondiale (4,2 milliards) ne dispose pas de services d’assainissement sûrs.

·         De meilleures conditions d’eau, d’assainissement et d’hygiène pourraient éviter quelque 400 000 décès par an dus à des maladies diarrhéiques chez les enfants de moins de cinq ans.

·         80 % des eaux usées retournent dans l’écosystème sans être ni traitées ni utilisées.

L’eau, un droit humain

Le 26 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu et déclaré le droit humain à l’eau et à l’assainissement. Elle a également affirmé que l’eau est essentielle à l’exercice du droit à la vie et des autres droits humains. Ce droit oblige les États à fournir un accès à une quantité suffisante d’eau pour un usage personnel et domestique (entre 50 et 100 litres par jour et par personne), une eau sûre et acceptable (potable), à un coût abordable (maximum 3 % du revenu du foyer) et à une distance raisonnable (au plus 1 km ou 30 minutes de marche).

Le Saint-Siège, par l’intermédiaire du Conseil pontifical « Justice et Paix », a reconnu cette résolution dans sa contribution au 6e Forum mondial de l’eau (Marseille, France, mars 2012) : L’eau, un élément essentiel à la vie.

L’eau dans la Doctrine sociale de l’Église

La première considération de l’Église sur l’environnement affirme que les biens de la Terre ont été créés par Dieu pour être utilisés avec sagesse, partagés avec justice et charité pour le bien de tous (cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Église – CDSI, nn. 481-482). Plus loin, on lit :

« Le principe de la destination universelle des biens s’applique naturellement aussi à l’eau, considérée dans l’Écriture Sainte comme symbole de purification (cf. Ps 51,4 ; Jn 13,8) et de vie (cf. Jn 3,5 ; Ga 3,27) : “En tant que don de Dieu, l’eau est un instrument vital, indispensable à la survie et, par conséquent, un droit de tous.” L’utilisation de l’eau et des services qui y sont liés doit viser à satisfaire les besoins de tous, en particulier des personnes vivant dans la pauvreté » (CDSI, n. 484).

« L’eau, par sa nature même, ne peut être traitée comme une simple marchandise parmi d’autres, et son usage doit être rationnel et solidaire. Sa distribution relève traditionnellement des responsabilités des entités publiques, car l’eau a toujours été considérée comme un bien public, caractéristique qui doit être maintenue, même si sa gestion est confiée au secteur privé. Le droit à l’eau, comme tous les droits humains, repose sur la dignité humaine, et non sur des considérations purement quantitatives qui voient en elle un simple bien économique. Sans eau, la vie est menacée. C’est pourquoi le droit à l’eau est un droit universel et inaliénable » (CDSI, n. 485).

Laudato si’

Le pape François aborde la question de l’eau dans son encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), aux numéros 27 à 31. Dans un exposé clair, fondé et prophétique, il souligne et condamne la conception marchande de l’eau soumise aux lois du marché, car elle viole le droit humain universel :

« Tandis que la qualité de l'eau disponible se détériore constamment, il y a une tendance croissante, à certains endroits, à privatiser cette ressource limitée, transformée en marchandise sujette aux lois du marché. En réalité, l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour l’exercice des autres droits humains. Ce monde a une grave dette sociale envers les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable, parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable. Cette dette peut être en partie réglée par des contributions économiques accrues pour fournir de l’eau propre et un assainissement adéquat aux peuples les plus pauvres. Mais on constate un gaspillage d’eau non seulement dans les pays développés, mais aussi dans ceux en développement qui disposent de grandes réserves. Cela montre que le problème de l’eau est en partie une question éducative et culturelle, car il n’y a pas de conscience de la gravité de ces comportements dans un contexte d’inégalités criantes » (n. 30).

Ces paroles du pape François sont prophétiques, car la rareté croissante de l’eau potable pourrait entraîner une hausse de son prix, restreignant ainsi l’accès à ce bien universel à ceux qui peuvent se le permettre. Il anticipe, au numéro 31, que son accaparement pourrait devenir l’un des grands conflits actuels. Il revient à toute la communauté humaine, en particulier aux responsables du pouvoir exécutif, de veiller à une bonne gestion de cette ressource, dans l’intérêt de toute la société.

Voir, El agua: de un derecho universal a un producto mercantil

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Paul Attard 24.07.2025 Mrs Thatcher did some good things as Prime Minister, but one of the bad things she did, in my opinion, was to privatise national resources such as water & electricity.