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La position sur l'immigration de Trump, « n'est-elle pas américaine » ?

Indipendent 27.06.2018 Kevin Jennings Traduit par: Jpic-jp.org

Si nous regardons l'histoire, elle l’est. Les États-Unis n’ont jamais été une nation qui accueille « les pauvres, les exténués, les masses innombrables aspirant à vivre libres », malgré les mots écrits sur la Statue de la Liberté.

La semaine dernière, le monde a regardé avec horreur l’administration Trump mettre en œuvre sa politique de tolérance zéro en séparant les parents de leurs enfants à la frontière nord-américaine avec le Mexique. Par la suite, beaucoup ont été consternés de voir la Cour suprême confirmer l’interdiction de voyager aux Etats Unis imposée par l’administration Trump contre certains pays majoritairement musulmans.

Pour beaucoup de nord-Américains et aussi d’autres pays, qui considèrent les Etats Unis comme une « nation d’immigrés », il est facile de considérer le moment actuel comme une aberration, en répondant, comme beaucoup l’ont fait, par le cris de « ce n'est pas l'Amérique! ». Cependant, en tant qu'historien, je pense que les Nord-Américains doivent accepter le simple fait que oui, l’Amérique est ainsi.

Il n'a jamais été facile de « devenir nord-américain ». La citoyenneté a été un privilège jaloux que le pays, tout au long de son histoire, a été très réticent à partager en particulier avec les personnes de couleur. Les habitants autochtones d'Amérique du Nord n'ont, par exemple, obtenu la citoyenneté qu’avec l'adoption de la loi sur la citoyenneté indienne de 1924.

Lors de la rédaction de la constitution américaine, les Afro-Américains asservis étaient considérés comme « trois-cinquième » d’une personne, un statut qu'ils conserveront pendant sept décennies. Il faudra une guerre civile sanglante et un amendement constitutionnel (le 14e) pour rectifier ce « péché originel » inscrit dans la Constitution et accorder la citoyenneté aux Afro-Américains.

Une fois qu’en 1868, le 14e amendement a accordé la citoyenneté à « toutes les personnes nées ou naturalisées aux États-Unis », de nouvelles barrières ont été érigées pour exclure les « indésirables ». En 1882, la loi sur l'exclusion chinoise a été adoptée, interdisant l'entrée de personnes d'origine chinoise pendant les huit décennies suivantes.

Alarmés par une vague d'actes terroristes violents et par l'afflux de « races inférieures » comme les Italiens et les Juifs pratiquant des religions inconnues, les États-Unis, en 1924, adopteront la National Origins Act établissant des quotas interdisant essentiellement aux Européens du Sud et de l'Est d’entrer aux États-Unis pour les quatre décennies suivantes.

De plus, les États-Unis ont une longue histoire de séparation et / ou d'internement de familles de couleur, citoyens nord-américains ou non. Au temps de l'esclavage, les propriétaires vendaient régulièrement des membres de familles d’esclaves à leur service à différents propriétaires, déchirant ainsi les liens familiaux forgés par les esclaves pour résister à leur oppression. Les enfants autochtones étaient souvent retirés de leur famille et envoyés dans des internats gérés par le gouvernement où ils seraient punis s’ils parlaient leur propre langue et où souvent ils ne reverraient jamais leurs parents.

Au cours de la 2nde Guerre Mondiale, des citoyens d'origine japonaise ont été envoyés dans des camps de concentration car ils constituaient une menace pour la sécurité nationale. En effet, une partie de l’actuelle décision de la Cour suprême en faveur de l’interdiction de voyager, a été motivé par la décision de valider la constitutionnalité de l’internement japonais, ce que la Cour suprême avait confirmé au cours des cinquante dernières années.

C’est une histoire douloureuse et pour les nord-Américains évoquant le poème écrit sur la Statue de la Liberté - qu’ils sont une nation qui accueille « les pauvres, les exténués, les masses innombrables aspirant à vivre libres », - une histoire difficile à accepter. Il va à l'encontre de tout ce que de nombreux nord-Américains pensent que le pays représente. Cependant, c'est la réalité de son histoire.

Comment cela put-il se produire et se produit-il encore ? Tout commence par le langage. Les mots sont importants et la façon dont nous parlons des gens est importante. Lors de la tournée Irish Outsiders (qui se donne dans le Tenement Museum de New York, dont je suis le président), nous racontons l’histoire des Moores, une famille irlandaise qui a immigré aux États-Unis dans les années 1860 et se trouva face à une vague de préjugés anti-irlandais. Je vois régulièrement des visiteurs sous le choc lorsque nous montrons des caricatures de l’époque où les Irlandais étaient représentés comme des singes sous-humains.

Dans notre ère moderne, où tout le monde peut porter un tee-shirt « Embrasse-moi, je suis irlandais ! » le jour de la St Patrick, il est difficile de croire que les Irlandais étaient autrefois considérés comme une race sous-humaine, « inférieure ». Mais au 19ème siècle, ils l'étaient et, par conséquent, les employeurs n'éprouvaient aucun scrupule à insérer systématiquement la clause « Pas besoin d’irlandais » dans les offres d'emploi. Ils n’étaient pas vraiment humains, alors pourquoi les engager ?

C'est pourquoi la langue utilisée dans le débat sur l'immigration aux États-Unis est si troublante. Les récentes descriptions du président Trump des immigrés comme des « animaux » qui cherchent à « infester » l’Amérique du Nord sont extrêmement alarmantes.

Décrire un groupe entier comme sous-humain ne finit jamais bien : cela donne à ceux qui ont le pouvoir la permission de faire ce qu'ils veulent à ces gens. Si quelqu'un n'est pas pleinement humain, nous ne lui devons pas ni respect ni dignité. Nous pouvons simplement séparer leurs familles, comme l'ont fait les États-Unis avec les Afro-Américains et les jeunes autochtones, et mettre leurs enfants en bas âge dans des « camps pour enfants », comme cela a été le cas récemment à la frontière avec le Mexique.

Si quelqu’un est moins qu’humain, vous pouvez faire de lui ce que vous voulez. Je suis désolé de dire que ce qui se passe aux frontières des États-Unis - bien que ce soit incompatible avec les idéaux nord-américains - est trop bien conforme aux réalités de son histoire. Les États-Unis ne peuvent pas se permettre de penser que la fureur actuelle autour de l'immigration naît dans le vide et que les nord-Américains ordinaires n'ont pas de rôle à jouer. Son histoire témoigne du fait que nous ne devons pas fermer les yeux sur une rhétorique cruelle et déshumanisante à l’égard d’un groupe de personnes vulnérables, quelle que soit sa justification ou quels que soient ceux qu’elle vise. Les conséquences sont évidentes.

Kevin Jennings est le président du Tenement Museum de New York, qui offre la tournée Irish Outsiders. Source - The people who say Trump's immigration stance 'isn't American' must look at their history – it is
Une traduction de l’extrait du poème d’Emma Lazarus sous la statue de la liberté :« Donne-moi tes pauvres, tes exténués, Tes masses innombrables aspirant à vivre libres ».

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