Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Les grandes puissances se battent et le Conseil de sécurité de l'ONU disparaît

Nazioni Unite (IPS) 04.12.2020 Thalif Deen Traduit par: Jpic-jp.org

Au plus fort de la Guerre Froide pendant les années 60, le diplomate péruvien Victor Andrés Belaúnde a caractérisé les Nations Unies comme une institution politiquement défaillante qui ne survit que par la volonté et le désir des cinq grandes puissances.

Simplifiant son argumentation, il avait dit : « Lorsque deux petites puissances se disputent, la dispute disparaît vite. Lorsqu'une grande puissance et une petite puissance sont en conflit, la petite puissance disparaît. Et quand deux grandes puissances se disputent, les Nations Unies disparaissent ». De manière plus appropriée, c'est le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) qui s'efface et tombe dans l'oubli, en particulier lorsque de grandes puissances entrent en collision, justifiant un cessez-le-feu, non pas dans un conflit militaire lointain, mais au sein même de la salle de conférence des Nations Unies.

Le seul organe international ayant la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité mondiales, le CSNU, est souvent resté dans un état de quasi paralysie, en particulier lorsque les cinq membres ayant le droit de veto décident de protéger leurs intérêts nationaux ou ceux de leurs alliés politiques et militaires ou ceux de leurs États satellitaires.

Les 15 pays qui composent le CSNU et les cinq membres permanents qui disposent du droit de veto (P5) se divisent, d’un côté les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, et de l'autre la Chine et la Russie, dans ce qui ressemble parfois à un ring ou directement un champ de bataille.

Comme l’a souligné une fois le New York Times, le monde doit maintenant faire face aux nouvelles réalités géopolitiques d’une « Russie agressive » et d’une « Chine émergente » une réalité qui se montrera toujours dans le Conseil de sécurité.

Pendant ses presque 75 ans d'existence, l'un des plus grands échecs du CSNU est son incapacité à mettre fin à l'occupation par Israël d'une partie du territoire palestinien ou même à assurer le respect de ses propres résolutions.

Le CSNU est également resté gelé ou n'a pas réussi à aider à résoudre certains des conflits militaires et insurrections civiles en cours dans le monde, notamment en Syrie, au Yémen, en Libye, en Afghanistan, au Myanmar (Birmanie), à Hong Kong, en Somalie, au Sahara occidental et, plus récemment, en Éthiopie, entre autres.

Stephen Zunes, professeur de Politique et coordinateur d’Études sur le Moyen-Orient à l'Université américaine de San Francisco, a déclaré que le plus grand échec du Conseil de sécurité a été, peut-être, son incapacité à répondre efficacement à l'expansion illégale et par la force de leurs territoires par certains de ses États membres.

« C'était une agression du côté des puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale qui a conduit à la fondation de l'ONU et à l'interdiction catégorique de telles invasions dans la Charte des Nations Unies », a rappelé ce politologue qui fait autorité au sujet du CSNU. Cependant, « Israël et le Maroc, protégés par le droit de veto de leurs alliés au Conseil de sécurité, poursuivent leur occupation et la colonisation illégale des territoires (Palestine et Sahara occidental respectivement) qu'ils ont pris par la force ».

De manière pareille, la Russie a réussi l'occupation de la Crimée. Le Conseil de sécurité, a fait remarquer Zunes, n'a pas été en mesure d'appliquer ses résolutions sur la conquête indonésienne du Timor oriental et l'occupation continue de la Namibie par le régime de l’apartheid sud-africain jusqu'à ce que les campagnes mondiales de la société civile les aient obligés à se retirer des décennies plus tard.

Si le CSNU ne peut même pas empêcher les États membres d'envahir et d'occuper d'autres nations, ce que les fondateurs de l'ONU ont supposé qu'il garantirait, l'organisme mondial devient un anachronisme historique. « Comment peut-on alors s'attendre à ce qu'il aborde des problèmes plus complexes ? », s'est-il demandé.

Pendant ce temps, après plus de 20 ans de négociations infructueuses, l'actuel président de l'Assemblée Générale des Nations Unies, le Turc Volkan Bozkir, fait une nouvelle tentative de réforme du CSNU, notamment en augmentant le nombre de ses membres actuels et des cinq membres permanents. Deux ambassadrices, Joanna Wronecka de Pologne et Alya Ahmed Saif Al-Thani du Qatar, ont été nommées coprésidentes des négociations intergouvernementales sur la réforme du CSNU.

Sur la rivalité entre les grandes puissances et la protection de leurs États satellitaires, en tant que facteur récurrent de la stagnation du CSNU, Zunes a fait remarquer que les États-Unis s’enorgueillissaient du principe d'applicabilité universelle de leur législation nationale. Cependant, en ce qui concerne le droit international, les États-Unis ont fait pression sur l'ONU pour qu'elle utilise la force ou impose des sanctions sévères aux nations adverses dans le domaine de la prolifération des armes, du soutien au terrorisme et de la conquête d'États voisins. Dans le même temps, ils empêchent l'ONU de prendre des mesures efficaces contre ses alliés coupables des mêmes crimes. Zunes a noté que les États-Unis et la Russie ont abusé de leur droit de veto pour protéger respectivement Israël et la Syrie de leur responsabilité dans d’importantes violations du droit international humanitaire.

Au final, l'échec n'est pas celui du système onusien, estime l'expert, pour qui l'échec est celui des États-Unis et d'autres membres du P5, qui ne sont pas à la hauteur de leur rôle de membres spéciaux du CSNU pour faire appliquer la Charte et les statuts juridiques internationaux du propre directoire de l’ONU.

Pour l’éditorialiste des publications sur les relations internationales Foreign Policy et Focus, cet échec est dû au fait que pour les cinq pays ayant un droit de veto, leurs intérêts géopolitiques prévalent sur les valeurs universelles de l'ONU.

Bozkir, le président de l'Assemblée Générale, a déclaré en novembre que la nomination des coprésidentes devrait permettre aux États membres de commencer leurs consultations et a encouragé les délégations à envisager d'ouvrir des négociations intergouvernementales au début de 2021 et d'augmenter les réunions sur la question de la réforme du CSNU.

Pour le diplomate turc, le dialogue entre les États membres est le moyen le plus efficace pour faire avancer ce processus et pour que la composition et les méthodes de travail du Conseil de sécurité reflètent les réalités du XXIe siècle.

Brenden Varma, porte-parole du président de l'Assemblée Générale, a déclaré aux journalistes qu’on attend la participation des États membres et leurs apports pragmatiques pour « réaliser des progrès significatifs sur cette question difficile ». « Le président s'est engagé à soutenir ce processus de manière impartiale, objective et avec un esprit ouvert », a-t-il ajouté.

Sur la question de la représentation équitable et de l'augmentation du nombre de membres du Conseil de sécurité, quelque 113 États membres (sur 122 qui ont présenté leurs positions dans un document-cadre) soutiennent l'élargissement dans les deux catégories existantes. Actuellement, les 10 membres non permanents du CSNU sont élus pour un mandat de deux ans, sur la base d'une rotation géographique.

Les candidats potentiels à la représentation permanente sont l'Inde, le Japon et l'Allemagne, ainsi que l'Afrique du Sud ou le Nigéria (pour l'Afrique) et le Brésil ou l'Argentine (pour l'Amérique latine). Mais il est plus qu'improbable que les nouveaux membres permanents aient un droit de veto, un privilège que seuls les P5 exerceraient comme leur « droit légitime de naissance ».

La paralysie de l'élargissement et l'opposition implicite du P5 jettent le doute sur la possibilité de changements significatifs tant dans la composition que dans le fonctionnement du CSNU. Zunes, en fait, a perçu la négociation de la réforme comme un autre exercice de futilité politique. « Il n'y a aucune possibilité sérieuse que le P5 permette de mener ces réformes à court terme », a-t-il déclaré.

Cependant, il juge important d’appeler à maintes reprises l’attention sur le caractère antidémocratique et non représentatif du Conseil de sécurité. À son avis, cela aide à mobiliser les gouvernements et la société civile de tous les continents pour faire pression pour que l’ONU soit à la hauteur de sa mission.

Foto. Una sesión del Consejo de Seguridad de las Naciones Unidas © ONU

Article originel en español, Cuando las grandes potencias pelean, el Consejo de Seguridad de la ONU desaparece

 

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Margaret Henderson 29.04.2021 When the Big Powers clash - I thought this was very interesting reading and very well argued.