Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Montréal, le Forum Social Mondial 2016

Chicago 18.09.2016 John Paul Pezzi, mccj Commencé en 2001 au Brésil, le Forum social mondial (FSM) rassemble dans chacune de ses éditions des dizaines de milliers de participants avec plus d'un millier d'activités (ateliers, conférences, performances artistiques) sur divers sujets (développement social, économie solidaire, environnement, droits de l'homme, démocratisation). Même si parfois, comme dans ce 2016, il  perd de sa visibilité en raison  d' événements mondiaux tels  les jeux olympiques, le FSM reste le plus grand rassemblement de la société civile à la recherche de solutions aux problèmes de notre temps.

Les 12 FSM tenus jusqu'à présent ont eu lieu 12 FSM tenus jusqu'à présent ont eu lieu  à Porto Alegre (Brésil) en 2001, 2002, 2003 ; à Mumbai (Inde) en 2004 ; de nouveau à Porto Alegre en 2005 ; en 2006, il fut célébré pour la première fois en différents endroits : Bamako (Mali), Caracas (Venezuela) et Karachi (Pakistan) ; en 2007 il fit son premier voyage vers l'Afrique (Nairobi - Kenya) ; en 2009, il retourna au Brésil (Belém) ; en 2011 (Dakar - Sénégal), 2013 et 2015 (Tunis - Tunisie) il se réunit dans le monde arabe et en 2016, Montréal (Québec-Canada), il eut lieu pour la première fois dans le nord du monde.

Une lettre des principes, établie par son Conseil international le 10 Juin 2001, définit ses grandes lignes, ses valeurs et ses règles de fonctionnement. Elle se compose de 14 articles décrivant le FSM comme un « un espace de rencontre ouvert visant à approfondir la réflexion, le débat d’idées démocratique, la formulation de propositions, l’échange en toute liberté d’expériences, et l’articulation en vue d’actions efficaces, d’instances et de mouvements de la société civile ». Sous la devise « un autre monde est possible », les FMS s'opposent « au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital » et à « un processus de mondialisation capitaliste commandé par les grands entreprises multinationales et les gouvernements et institutions internationales au service de leurs intérêts ».

Le FSM est donc « un processus à caractère mondial. Toutes les rencontres qui feront partie de ce processus ont une dimension internationale » et devrait promouvoir « une mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l’homme », les citoyens de toutes les nations et l'environnement.

Certaines indications de cette charte ont l'effet de limiter l'efficacité du FSM: « Les participants ne doivent pas être appelés à prendre des décisions… sur des déclarations ou propositions d’action qui les engagent tous ou en majorité et qui se voudraient être celles du Forum en tant que Forum ». Bien que « Les instances – ou ensembles d’instances – qui prennent part aux rencontres du Forum doivent être assurées de pouvoir délibérer en toute liberté sur des déclarations et des actions qu’elles ont décidé de mener », cette restriction réduit parfois le FSM à une expérience de participation et de rencontre sans efficacité opérationnelle.

Le FSM « est un espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan », destinée à être « toujours un espace ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et actions d’instances et de mouvements qui décident d’y prendre part ». Bien, mais en conséquence de cela, l'espace du FSM finit par être géré soit en solitaire  par le Conseil international, soit par les groupes les plus organisés qui sont en fin des comptes ceux qui ont plus de capacité financière. Et  alors même qu'il est dit dans l'art. 10 que « Le FSM s’oppose à toute vision totalitaire et réductrice de l’économie, du développement et de l’histoire…. Il y oppose le respect des Droits de l’Homme, la véritable pratique démocratique, participative, par des relations égalitaires, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples, condamnant toutes les formes de domination comme l’assujettissement d’un être humain par un autre ».

Avec tout cela, cependant, le FSM « comme espace d’échange d’expériences, stimule la connaissance et la reconnaissance mutuelles des instances et mouvements qui y participent, en valorisant leurs échanges, en particulier ce que la société est en train de bâtir pour axer l’activité économique et l’action politique en vue d'une prise en compte des besoins de l’être humain et dans le respect de la nature, aujourd’hui et pour les futures générations ». De cette façon, le FSM reste « un processus qui stimule les instances et mouvements qui y participent à situer, à niveau local ou national, leurs actions, comme les questions de citoyenneté planétaire, en cherchant à prendre une part active dans les instances internationales ».

Or, ces déclarations de principe trouvent-elles leurs vérifications dans des actions concrètes ? Cela n'arrive pas toujours. Et Montréal a montré l'écart entre les idées et la réalité.

A Montréal, par exemple, il a manqué la parole du Sud. Environ le 70% des visas demandés par des étrangers ont été rejetés et la réalisation du FSM dans un pays riche, au milieu des vacances, rendit prohibitif du point de vue économique, la participation à plusieurs africains, asiatiques et latino-américains. La distance entre le Forum et le Sud du monde reste encore trop grande et ne lui permet pas d'élaborer des stratégies spécifiques pour résoudre les problèmes mondiaux.

La question qui fut insistante à la fin du FSM de Montréal est donc: « Qu'avons-nous à faire dès maintenant ? ».

Dans de nombreux pays soufflent les vents de l'instabilité, les valeurs démocratiques semblent se désagréger, affaiblissant aussi les valeurs de référence nécessaires pour construire la solidarité et des accords équitables de coexistence. La violence terroriste brise la confiance dans le dialogue et la coexistence des différences. Le langage des multinationales crée l'illusion d'un changement, d'une croissance de sensibilité pour la justice sociale et écologique, tout en augmentant la recherche d'intérêts partisans pour assurer les avantages toujours au même petit nombre d’individus.

Dans ce contexte, le FSM est de plus en plus nécessaire, mais il a besoin d'évoluer dans ses stratégies. Comment ? En approfondissant les rencontres thématiques ? En profitant du grand pouvoir d'influence qu'ont les organisations et mouvements sociaux, pour faire du FSM un outil de plaidoirie en défense des droits de l'homme et de propositions alternatives ? En faisant du FSM une instance de mondialisation pour la solidarité ?

Ce qui est certain et est perçu par tous les participants, est que le FSM a encore sa valeur et doit continuer, mais aussi qu'il doit sortir d'une certaine stagnation et récupérer la fraîcheur de ses débuts, en puisant l'eau d'un nouvel engagement social du sens de la vie, de l'histoire des personnes et des communautés qui défendent leur mode de vie et, pourquoi pas ?, de l'apport du religieux. Si le capitalisme est une religion, avec ses rituels de consommation et sa mystique de désirs induits, les rêves qui se nourrissent de ce qui est le plus profond de l'être humain ne peuvent pas se passer du religieux et même de l'Évangile.

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