Le pouvoir de la bonté peut-il apporter la justice sociale et surmonter les inégalités dévastatrices causées par des gens puissants avides et égoïstes ? On doit les contester, s’y opposer, leur résister, par l’action de ceux qui sont dévoués et déterminés à faire le bien. L'humanité se développe lorsqu'il y a partage, coopération, justice, liberté et égalité entre les personnes. Lorsque ces valeurs imprègnent la vie quotidienne, elles apportent paix, harmonie et bien-être. Les peuples doivent changer les forces politiques et économiques afin qu’elles leur permettent une telle vie pacifique.

Chacun de nous peut aider son voisin, trouver les moyens d'ouvrir la cage de la pauvreté et lui permettre ainsi de voler librement. Chaque personne a besoin d'un emploi et d'un salaire juste pour subvenir aux besoins de sa famille. Ce qui suit est une histoire vraie, qui malheureusement ne se répète pas souvent.

Lusito était le fils d'une famille de sans-abris, qui vivaient pauvres mais pas affamés, sous des toiles au bord d'une plage. Son père était pêcheur, mais lorsque des entreprises internationales de pêche ont obtenu les permis de pêche commerciale dans les eaux des Philippines grâce à des fonctionnaires corrompus, le poisson a disparu. Des milliers de Philippins ont été jetés dans le gouffre de la faim. Lusito, alors âgé de 15 ans, était l'aîné, il ramassait les déchets, les bouteilles en plastique, tout ce qu'il pouvait vendre pour quelques poignées de riz. C'est tout ce qu'ils avaient mais ce n'était pas assez. La maladie a emporté son père.

Un jour, Lusito, le visage marqué par la faim, a été remarqué par le propriétaire d'une boutique de vannerie qui l'a invité à apprendre ce métier. C'était une personne de conscience, il l'a vu, il a pensé  faire quelque chose de bien et l'a fait. Lusito fut étonné quand il reçut à l’avance une généreuse allocation de stagiaire. Immédiatement, il a acheté du riz et du poisson pour la famille ; le premier vrai repas depuis des semaines. Il était tout à fait déterminé à réussir et a rejoint les nombreux travailleurs de la petite usine. Il est rapidement devenu un travailleur qualifié, payé d'un salaire juste et plus élevé et d'un abri dans l'atelier même.

Lusito a perçu que c'était pour lui l’opportunité de surmonter la pauvreté. Il a commencé à fréquenter  des cours du soir, a obtenu son diplôme d'études secondaires ; avec l'aide du propriétaire de la vannerie, il a finalement obtenu un diplôme universitaire et trouvé un emploi de gestionnaire. Il a sauvé sa famille et ses propres enfants. Ils ont obtenus des diplômes universitaires et ont de bons emplois aujourd'hui. Toutefois c'était et c'est l'exception plutôt que la réalité commune.

C'était il y a trente ans. La population aux Philippines compte désormais 110 millions d'habitants : c'est vrai que la pauvreté a diminué, que 23,1 millions de Philippins souffrent la faim aujourd'hui, contre les 28,8 du 2016 selon l'enquête de la Banque mondiale. Toutefois, 23 millions c'est encore trop. De plus, des millions d’autres Philippins, sans souffrir d’une faim honteuse, vivent toujours dans la pauvreté.

Le monde fait face à de nouveaux défis économiques et de nouvelles compétences et une éducation actualisée sont nécessaires pour un ordre économique juste où les jeunes d'aujourd'hui puissent trouver un salaire adéquat, en dignité et égalité, dans des emplois de haute technologie. La nation doit produire d'une manière durable plus de biens à haute valeur ajoutée qui, en respectant l'environnement, améliore aussi la santé d'une planète malade. Pour y parvenir, le pape François programmait de lancer une nouvelle initiative, « L'économie de François », lors d'une rencontre mondiale d'économistes et d'hommes d'affaires conscients programmée au mois de mars de cette année, 2020 à Assise, en Italie.

Une action mondiale est d'ailleurs urgente. Des millions de personnes dans le monde exigent désormais le changement et refusent d'être soumises et dociles ou de vivre dans la peur des riches.  Elles protestent désormais contre les inégalités, les bas salaires, la pauvreté, le chômage, la destruction de l'environnement. Elles élèvent la voix dans des rassemblements, des manifestations et des marches dans lesquelles elles sensibilisent le public à l'injustice sociale et défendent les droits des pauvres. L'égalité doit être l'œuvre de gouvernements justes qui taxent les riches et les obligent par la loi à payer des salaires plus élevés. De son côté, les mêmes gouvernements doivent assurer le développement social, la santé, le logement et l'emploi avec des salaires justes. Les gouvernements sont censés être au service de leurs peuples, pour leurs peuples, par leurs peuples et vaincre ainsi la pauvreté.

Ce sont les riches qui contrôlent le congrès, ou gouvernent par dynastie familiale et ils légifèrent très rarement contre leurs propres intérêts et s’ils le font c’est seulement sous une forte pression publique. Que peut-on faire, alors, pour vaincre la pauvreté ?

Il faut d'abord se défaire des fonctionnaires corrompus. Les politiciens promettent de le faire pour être élus et avoir le pouvoir, mais la plupart sont eux-mêmes corrompus. Comme le rapportait le Philippine Daily Inquirer en janvier 2020: « Les Philippines ont glissé de 14 crans par rapport à leur classement précédent dans le dernier indice de perception de la corruption (IPC), la classification de ce chien de garde mondial anti-corruption qu'est Transparency International.

Dans la classification Corruption Perceptions Index 2019, les Philippines ont obtenu 34 points pour atterrir au 113e rang, une baisse de 14 places par rapport au rang 99 précédent, en 2018.

Malgré cette vérité vexante et douloureuse, il y a eu du changement pour un mieux. Il y a des millions d'enfants et de jeunes qui obtiennent une meilleure éducation de nos jours grâce à de nombreux Philippins responsables, ayant une conscience sociale, qui ne tolèrent pas l'injustice et la pauvreté et font pression sur pression sur les autorités gouvernementales pour qu'elles agissent avec des critères de justice. Mais c'est un progrès frustrant qui avance trop lentement.

Les jeunes et les travailleurs en ébullition ne veulent pas attendre ; ils exigent des emplois et des salaires, des avantages sociaux plus élevés et une vie sans souffrir de la faim et avec moins de contraintes. Les riches s'y opposent, ils s'enrichissent par les bas salaires, par les lois du travail restrictives et par les emplois à court terme, par l'exploitation et le pillage des ressources naturelles, par les taxes faibles ou nulles. Pour cela, on a gelé le mouvement ouvrier.

Les travailleurs instruits sont frustrés et migrent avec leur intelligence, leurs compétences et leurs connaissances. Les Philippines pourraient réduire le taux de pauvreté si seulement le gouvernement investissait dans la formation des technologies de pointe et encourageait les entreprises à créer des emplois de grande valeur ajoutée pour produire des biens à forte valeur agrégée. Cela donnerait plus de pouvoir d'achat au peuple. Cela, à son tour, stimulerait une plus grande croissance économique. Briser le cycle de la pauvreté ne peut se produire que lorsque des millions de personnes développent une conscience sociale, ont une vision empathique de la société et donnent des chances égales aux pauvres en partageant leur richesse. Ensemble, on peut aider les pauvres à sortir de la pauvreté en ouvrant la porte de la cage pour qu'ils puissent voler librement.