Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Radios catholiques en Afrique : éduquer, informer, transformer

Comboni Missionaries Newsletter 04.02.2022 Comboni Missionaries' Team Traduit par: Jpic-jp.org

Il y en a plus d'une centaine, de l'Angola à la Zambie, atteignant des millions de personnes. Elles promeuvent la paix, les droits de l'homme, l'éducation, la santé et le développement. Elles s'efforcent de panser les blessures des traumatismes. Elles sont la voix des sans-voix, bien que parfois réduites au silence. Une manière moderne de faire la plaidoirie.

Trois histoires de résilience et de réussite : Radio Sol Mansi, en Guinée-Bissau ; Catholic Radio Network (CRN) du Soudan du Sud et des Monts Nouba ; Radio Ditunga en République Démocratique du Congo.

Radio Sol Mansi

Radio Sol Mansi vient de fêter ses vingt premières années en tant que la radio la plus écoutée en Guinée Bissau. La radio a été créée en février 2001 à une époque particulièrement difficile pour le pays qui se remettait d'une guerre civile sanglante. Depuis ses débuts, la Radio s'est démarquée par son engagement en faveur de la paix, de la réconciliation et du développement.

« Sol Mansi signifie 'aube' - l'aube d'un nouveau jour, d'une nouvelle histoire, d'une nouvelle vie, d'un nouvel horizon », explique le directeur de la radio, Casimiro Cajucam. Radio Sol Mansi a commencé à émettre à Mansoa, à soixante kilomètres au nord de Bissau, la capitale, en utilisant un petit émetteur à capacité limitée de 250 watts, mais auparavant, en 2008, Radio Sol Mansi était la radio nationale de l'Église catholique.

Une vingtaine d'années après sa création, Radio Sol Mansi « est aujourd'hui l'une des stations de référence, non seulement en termes d'auditeurs mais aussi pour sa crédibilité », notamment parce qu' « elle a toujours construit des ponts de dialogue entre les différentes religions et ethnies », affirme Cajucam.

En août 2009, Radio Sol Mansi a signé « un accord de collaboration historique » avec Radio Coranique de Mansoa. « C’est peut-être la première au monde à le faire : la chaîne catholique diffuse un programme islamique et la chaîne islamique diffuse un programme catholique », souligne le directeur.

Les émissions de Radio Sol Mansi (l'une des plus écoutées est « Dix minutes avec Dieu ») présentent toutes sortes de sujets, même les plus sensibles, comme les mutilations génitales des femmes, une pratique interdite par la loi seulement en 2001, les mineurs et les mariages forcés, chose encore très courante dans la société guinéenne, surtout dans les zones rurales. Les programmes abordent également des thèmes tels que l'État de droit, la démocratie, la justice et l'égalité des sexes, la corruption, l'éthique professionnelle et la doctrine sociale de l'Église. « Nos programmes sont en phase avec la situation et les besoins du pays », précise le directeur.

Au plus fort de la pandémie de Covid-19, Radio Sol Mansi « a assumé un rôle très important – ajoute le directeur. Les églises étant fermées, la Sainte Messe, les prières et la catéchèse dans deux diocèses ont été assurées par la radio. Socialement, nous continuons à travailler en première ligne dans la sensibilisation et la prévention du coronavirus ».

Actuellement, les studios de Radio Sol Mansi emploient 22 hommes et 11 femmes. La station dispose également d'un réseau de 50 correspondants répartis sur tout le territoire « qui lui permettent d'être la voix des exclus du cercle de la communication ». La moitié des informations est diffusée en portugais et l'autre moitié en créole (langue parlée par plus de 90 % de la population). Radio Sol Mansi dispose également d'une équipe « d'enfants journalistes qui sortent et réalisent des interviews et des commentaires » destinés aux jeunes.

Le Réseau Radios

Le Catholic Radio Network of South Sudan and the Nuba Mountains (CRN) est un réseau de neuf radios communautaires : Bakhita Radio, à Juba ; Radio Voix de la Paix, à El Obeid; Radio Emmanuel, à Torit; Radio Saut al Mahaba, Radio Voix de l'Amour, à Malakal ; Radio de bonnes nouvelles, à Rumbek ; Radio Easter FM, La voix de la vérité et de l'amour, à Yei; Radio Anisa, La Voix de la Vérité et de la Paix, à Yambio ; Voix de l'espoir, à Wau ; Radio Dom Bosco, à Tonj. Dans l’ensemble, elles touchent plus de sept millions de personnes.

« L'idée de départ était d'avoir une station en ondes moyennes émettant depuis le Kenya car, à cette époque, le Soudan ne nous accordait pas de licence », explique le père José Vieira, l'un des fondateurs de Radio Bakhita. « Ce n'est qu'en 2005, après les accords de paix, que nous avons réussi à progresser mais nous avons abandonné l'idée de l'onde moyenne en raison de la chaleur intense pendant la journée. Nous devions émettre le matin et le soir. Alors nous avons décidé de créer un réseau radio dans chacun des diocèses du Sud et dans les monts Nouba, une zone occupée par les rebelles du SPLM-N », (Mouvement de libération du Nord Soudan).

Après une étude de faisabilité réalisée en 2005, une formation a été lancée pour les jeunes, dont beaucoup avaient été dans les camps de réfugiés en Ouganda et au Kenya.

Au début, Radio Bakhita se composait seulement de « deux containers, posés l'un parallèle à l'autre et reliés par un passage. Celui de droite abritait le studio de diffusion et celui de gauche la rédaction ; entre les deux, il y avait des pupitres utilisés comme tables pour écrire les programmes », explique le P. Vieira. « C'était une structure vraiment rudimentaire ».

Par la suite, des studios insonorisés ont été construits en ciment. « Nous avons commencé les émissions à titre expérimental la veille de Noël 2006, mais la première véritable émission officielle n'a été faite que le jour dédié au premier saint soudanais, le 8 février 2008, le jour de la sainte Joséphine Bakhita », une femme qui était autrefois une esclave et qui a été canonisée par le pape Jean-Paul II en 2000.

Aujourd'hui, l'ensemble du réseau de neuf stations, comptant chacune de dix à quinze journalistes, est la propriété de la Conférence épiscopale du Soudan du Sud.

Une des grandes qualités du réseau consiste à avoir su profiter de la synergie. « Nous avons organisé des journaux télévisés couvrant l'ensemble du pays pratiquement sans frais puisque chacun partageait ce qu'il possédait ».

Une autre politique qui a gagné le soutien du public était de diffuser dans différentes langues. Les dix millions d'habitants du Soudan du Sud appartiennent à 64 groupes ethniques (dont le plus important est celui des Dinka, suivi des Nuer, Shilluk, Azande, Bari, Kakwa, Murle, Mandari et autres) et ils parlent plus de soixante langues.

Radio Bakhita, par exemple, basée dans la capitale Juba avec ses « journalistes multilingues », diffuse en anglais, arabe simplifié, bari et dinka ; les autres stations communautaires émettent  en Tira, Otoro, Lera, Muru, Otuho, Madi, Acholi, Didinga, Topasa, Shiluk, Nuer, Balanda et Zande.

Parlant du Réseau des radios catholiques du Soudan du Sud et des Monts Nouba (CRN), la directrice générale du Réseau, Mary Ajith, note : « Il est fondé sur quatre piliers : l'évangélisation, l'information, l'éducation et le divertissement ». « Nous continuons à ouvrir les émissions avec le chapelet et la prière du matin suivis de nouvelles et de divers autres programmes. Les programmes les plus écoutés sont la Sainte Messe et ceux qui concernent la paix. En période d'incertitude, les gens veulent savoir si leurs villages, dont beaucoup sont très éloignés, sont sains et saufs et la radio est souvent leur seul moyen de communication ».

« La censure et l'insécurité sont nos plus grands défis mais nous ne nous ménageons pas », insiste Bogere Charles Mark Kanyama, 35 ans, directeur de Radio Bakhita, une station qui compte plus d'un million d'auditeurs et a une portée de 300 km.

« En 2015, notre station a été fermée simplement parce qu'un de nos journalistes s'était entretenu avec Riek Machar, alors chef de l'opposition ». « La popularité de Radio Bakhita tient au fait qu'elle est la seule radio qui s'intéresse aux questions sociales et politiques », explique le directeur.

« Aujourd'hui, la censure empêche de nombreux journalistes d'opérer librement. En tant qu'institution ecclésiale, nous ne pouvons pas nous empêcher de créer des espaces où les gens peuvent s'exprimer librement ».

Radio Ditunga

En République démocratique du Congo (RDC), pays ravagé par des années de conflits armés, par l'insécurité alimentaire et diverses épidémies - choléra, rougeole, Ebola et désormais Covid-19 -, une radio de la province du Kasaï oriental cherche à apporter du « confort » à ses auditeurs comme le décrit son fondateur et directeur le Père Apollinaire Cibaka Cikongo.

« Ditunga Project [PRODI] est une association à but non lucratif fondée en 2006. La station homonyme a commencé à émettre le 17 juillet 2010. Elle est en ondes, sans interruption, de 5h50 à 23h00, en Chiluba (80%), l'une des quatre langues nationales de la RDC, et la plus parlée au Kasaï Oriental, et en français (20%).

Grâce à « l'altitude – 805 mètres – et des émetteurs puissants », Radio Ditunga, avec ses seize journalistes locaux et nationaux, peut être écoutée dans un rayon de 350 km. Le père Cikongo estime que la zone compte environ 5 millions d'habitants. Pendant onze ans, la station « s’est réinventée dans la fidélité à son identité ecclésiale et communautaire. Nous avons réussi à créer une série de programmes qui correspondent aux attentes d'un public complexe et hétérogène ».

Aucun sujet n'est tabou, affirme le Père Padre Apollinaire Cikongo, qui anime une émission dominicale en français et en chiluba dans laquelle il aborde « toutes les questions sociales et d'actualité ».

Le rôle important de la radio Cikongo est devenu évident lors de la pandémie de Covid-19, surtout en 2020, avec toutes les mesures de distanciation sociale. « Pendant trois mois, ce fut l'école primaire et secondaire pour de nombreux élèves, une école de santé et d'hygiène mais surtout un trait d'union entre les communautés et la chapelle pour les catholiques et les non-catholiques ».

« Ce n'est pas facile de travailler librement » en RDC, affirme le père Apollinaire Cibaka Cikongo.

« Dans le passé, il était courant que nous soyons interrogés par les autorités locales et provinciales et les services de sécurité. Il y avait, au pire, le danger pendant les campagnes électorales d’une menace de fermeture ou de mort dirigée contre l'un ou l'autre des journalistes. Nous sommes reconnaissants à Dieu qu'elles n'aient été que des menaces et des intimidations ».

La Radio fait partie d'un grand projet qui comprend des coopératives agricoles, des écoles et des centres de santé. Le Père Apollinaire Cibaka Cikongo conclut : « Le nôtre est un rêve dans lequel aucun être humain n'est analphabète ou à la merci d'une destruction causée par l'ignorance, la superstition ou la manipulation ; un rêve dans lequel tous les êtres humains sont pleinement responsables du destin politique de leurs villages, jouissent de leurs droits et de leurs devoirs ».

Voir Catholic Radio Stations in Africa: Educating, Informing, Transforming

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Margaret Henderson 18.03.2022 This article about the use of radio in Africa was inspirational and full of hope!