Les Missionnaires Comboniens, venant des différentes circonscriptions et accompagnés par des membres de la Famille Combonienne, se sont retrouvés à Rome pour célébrer l’anniversaire des 150 ans de l'Institut. Célébrer signifie faire mémoire de ses origines et de l’histoire que le Seigneur est en train de réaliser avec nous et avec les peuples que nous rencontrons sur le chemin. Faire mémoire n’est par un exercice d’archéologie, mais un processus vivant d’action de grâce pour le Seigneur et pour mettre l'avenir dans ses mains avec confiance. Faire mémoire signifie repartir, renouvelés.
La naissance de notre institut n’a pas eu lieu dans un bureau, mais elle est le fruit d’un long processus de vie et de mission. Ce fut un accouchement douloureux et tourmenté dans un moment de changement d’une époque. Nous sommes nés dans la pauvreté, sans trop d’appuis particuliers ecclésiastiques, politiques et économiques. Cet événement presque unique dans l’histoire du mouvement missionnaire du XIX siècle nous a donné une plus grande liberté pour répondre à notre vocation spéciale. Même si le parcours de définition juridique dès les débuts n’a pas été simple, il est évident que Comboni désirait une famille de missionnaires qui soient: ad vitam, c’est-à-dire disposés à donner non seulement leur temps, mais leur vie même pour la mission ; catholiques, c’est-à-dire libres de logiques nationalistes ; amoureux de Dieu et des peuples, sachant faire cause commune avec les pauvres.
Le Pape François nous dit que « La joie évangélisatrice brille toujours sur le fond de la mémoire reconnaissante » (EG. 13). La gratitude veut dire se sentir aimés et poussés par cet amour à sortir, pour partager l’expérience avec les autres. La gratitude n’est pas statique, mais elle est un mouvement au-dedans de nous, en dehors de nous et en avant, elle est un chemin. Dans cette optique, la réunification de notre Institut, notre Règle de Vie et la canonisation de saint Daniele Comboni deviennent des moments qui qualifient notre histoire et des occasions pour repartir et pour continuer notre parcours avec créativité. Gratitude signifie reconnaître dans notre histoire la fidélité de Dieu, réfléchie dans la fidélité généreuse de tant de nos confrères d’hier et d’aujourd’hui : fidélité à l’Evangile, à Comboni, à la mission ardue, à la prière, à la pauvreté évangélique, au peuple de Dieu et à l’internationalité.
Chemins de régénération
Aujourd’hui nous avons les instruments pour étudier et pour mieux connaître notre Fondateur et notre histoire, et cette rencontre a donné sa contribution dans ce sens. Nous sommes conscients que chaque fois que nous nous approchons de Comboni et de sa grâce charismatique nous faisons un saut de qualité. Une reconfiguration de notre institut est nécessaire. Nous nous trouvons devant le défi d’une mission qui ne s’arrête pas, qui est encore loin d’avoir atteint ses buts. Le vieillissement des membres de notre institut, accompagné par la diminution des vocations dans de nombreuses circonscriptions, les nouveaux paradigmes de la mission et le changement de notre rôle à l’intérieur des Eglises locales font partie des défis qui ajoutent de l’anxiété à notre présent. Cette mission exige un témoignage qui va bien au-delà des œuvres et qui interpelle notre style de vie, et nous demande de nous donner tout entier.
Nous sentons que la reconfiguration de notre institut passe à travers quatre chemins : la mystique, l’humilité, la fraternité et la ministérialité.
La mystique. Il ne s’agit pas seulement de redécouvrir le goût de la prière, mais de développer une spiritualité de la présence de Dieu dans l’histoire des peuples et sur le visage des personnes. La foi et l’espérance des pauvres nous apprennent cette mystique, sans laquelle nous risquons de nous dessécher et de perdre le sens de notre chemin missionnaire.
L’humilité. Conscients de nos limites et de nos fragilités, nous nous sentons appelés à passer du protagonisme au témoignage. Aujourd’hui ce qui compte n’est pas seulement « faire de la mission », mais d’abord et surtout « être mission ». Les paroles et les œuvres ne suffisent pas, il y a tant de personnes capables de parler et d’agir, parfois même mieux que nous. Le défi est montrer par notre vie le trésor que nous gardons dans notre cœur.
La fraternité. dans notre dialogue est apparu le désir de nous aimer davantage entre nous. Nous devons grandir dans la qualité de nos relations communautaires. Ce problème se manifeste dans l’inadéquation du discernement et de la capacité de projeter de nos communautés, et dans la pauvreté dans le partage de notre vécu. Il y en a parmi nous qui ne se sentent pas chez eux dans nos communautés. Etre frères entre nous signifie aussi ouvrir les espaces les uns pour les autres, dans la diversité de nos cultures et de nos âges ; cela demande des moments de réconciliation, aussi sacramentelle. Plus de fraternité aidera à intégrer mission et consécration et à améliorer notre discernement communautaire.
La Ministérialité. Les nouveaux contextes sociaux nous invitent avec urgence à revoir notre ministérialité. Aujourd’hui nous avons besoin d’être mieux qualifiés dans les différents domaines de l’évangélisation, en travaillant en équipe avec tous les sujets de la famille combonienne et de l’Eglise locale. La mission est le point de référence de tout parcours de formation. La ministérialité ne suffit pas si elle ne se fonde pas sur la passion du Christ pour l’humanité.
De cet anniversaire nous repartons comme des frères, conscients des défis et des difficultés, mais aussi chargés d’espérance : « Le missionnaire ne se laisse pas abattre par aucune difficulté. Toutes les croix sont méritoires parce que nous travaillons seulement pour le Christ et pour la mission » (S. Daniel Comboni). « Que l’Esprit fasse surabonder en vous l’espérance » (Pape François).
Photo: Famille combonienne avec le pape François, le 31 mai 2017
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