Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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« Comment » les Églises devraient s'interroger

Osservatore Romano 27.09.2022 Giacinto Mancini, Theologian and parish priest Traduit par: Jpic-jp.org

L'intéressant article de Pier Giorgio Gawronski - « Le chiese vuote e l’Umanesimo integrale » (L'Osservatore Romano, 22.2.2021) - soulève quelques considérations que je considère essentielles pour lancer un bon débat car, comme il l’affirme, « les Églises doivent s'interroger plus profondément sur les causes de leur déclin ».

Tout d'abord, je crois qu'une clarification est nécessaire sur le « comment » les Eglises doivent s'interroger. Les Églises sont formées de Pasteurs mais - d'un point de vue numérique - surtout de fidèles laïcs.

Dans la petite réalité de ma paroisse, avec ceux qui sont le plus impliqués dans la vie de la communauté, je reviens souvent sur le sujet de la diminution des gens à la messe dominicale.

J'en parle avec eux car je suis convaincu que le problème - car c'est « le » problème ! - ne peut être réservé à des « spécialistes », qu'ils soient prêtres ou évêques, mais qu’il concerne toute la communauté. Je le fais parce que je pense que la praxis synodale conçue par les théologiens doit alors trouver un débouché dans l'action pastorale concrète, sinon elle se limite à être une affaire académique.

C'est pourquoi une Église synodale devrait d'abord impliquer tous les baptisés dans la discussion des problèmes de l'Église, car l'Église (c'est triste de devoir le répéter) appartient à tous les baptisés dans le Christ. En partant des membres des organisations participantes, qu'est-ce que la synodalité « d'en bas », sinon celle qui concerne en premier lieu les communautés paroissiales ? Tout le monde devrait se poser la question : « Pourquoi pensez-vous que les églises se vident ? »

Car sinon on risque de rester au niveau de la théorie pure, ecclésiologique ou sociologique.

Et puis - deuxièmement et plus important encore - il faut savoir écouter. Est-ce une précision inutile ? Non, ce n'est pas le cas. Malheureusement, nous, les pasteurs, pensons souvent que nous savons déjà ce que nos fidèles pensent ou ne pensent pas.

Ce sont deux points qui, je crois, doivent être bien compris, surtout maintenant qu'à la demande du pape François, l'ouverture d'une saison synodale de l'Église italienne se profile.

Gawronski indique comme « remède possible contre la sécularisation » la nécessité de vérifier l'expérience réelle de nos communautés à la lumière d'Actes 2, 42-47 ; la fameuse page où sont décrites les dimensions fondamentales de la vie ecclésiale.

Son analyse peut être pleinement partagée, notamment le fait qu'il pointe du doigt le « manque de relations humaines » entre ceux qui se réunissent le dimanche pour célébrer l'Eucharistie. Manque de relations qui génère des « assemblées sectaires » dans lesquelles se fait clairement sentir l'attitude d'extranéité mutuelle de la plupart des participants, résultat d'une compréhension individualiste de la foi, qui est toujours au contraire une foi « de nous ». Impliquer les fidèles - ceux qui se rendront disponibles - à s'interroger sur les causes de nos églises vides, je pense que cela pourrait s'avérer décisif pour les initier à la coresponsabilité et offrir un espace concret où réaliser précisément ces « relations humaines » auxquelles on faisait référence. Ce serait un premier pas vers le partage aussi de toutes les autres dimensions dans lesquelles s'exprime la vie de la communauté.

Il est possible qu'au départ peu nombreux soient ceux qui veuillent répondre à cette invitation à la coresponsabilité, mais certains accepteront certainement et nous savons que l'influence de l'Esprit est indépendante de la dimension quantitative car, « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Mt 18, 20). La synodalité ne se réduit pas à une démocratie ecclésiale, elle est plutôt un espace privilégié de pénétration de l'Esprit Saint. Il n'est pas impensable que dans un avenir pas trop lointain cette dimension de « petits groupes » puisse coexister avec la réalité paroissiale dans son ensemble.

L'avenir de nos Églises est donc celui du petit nombre, nous le savons. Depuis cinquante ans, nous l'entendons répéter par des sociologues et des ecclésiastiques. La pratique synodale, qui aurait dû être suivie depuis longtemps, et le souci de ne pas affaiblir l'élément doctrinal de la foi, afin qu'elle reste fidèle à la donnée scripturaire, à la Tradition et au Magistère, doivent cependant permettre de préserver un « reste » d'un Peuple saint qui, dans la fidélité et la persévérance, devient un petit mais authentique signe de la présence du Royaume de Dieu sur la terre. N'était-ce pas le cas au début de la vie de l'Église avant l'édit de Constantin ? Les chrétiens des premiers siècles n’éprouvaient aucun sentiment de frustration vis-à-vis des formes de religiosité de leurs contemporaines qui pouvaient se targuer d'un plus grand nombre d'adhérents !

Cependant, il y a un point sur lequel je voudrais encore attirer l'attention. Je crois que tous les pasteurs, avec une saine inquiétude, devraient s'interroger sur les initiatives mises en place jusqu'à présent pour former les prêtres, les curés, les évêques pour qu’ils sachent gérer une synodalité substantielle et pas seulement déclarée ; c'est-à-dire savoir la décliner avec sagesse dans la vie des églises qu'ils dirigent. Si les pasteurs - qui dans leurs communautés non seulement exercent un ministère de leadership mais ont aussi une fonction conative - ne sont pas formés à la pratique synodale, comment les fidèles laïcs peuvent-ils se sentir encouragés et impliqués dans une expérience d'Église dans laquelle ils ne sont pas autorisés à assumer des rôles de coresponsabilité ? Comment obtenir autrement des chrétiens adultes, capables de proclamer à tous la joie d'être disciples du Seigneur Jésus ?

Voir, Sinodalità dal basso: bisogna saper ascoltare. “Come” le Chiese dovrebbero interrogarsi  

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