Et deux ans de chemin synodal ! Pour la Journée internationale des femmes, le 8 mars, les médias du Vatican ont diffusé des statistiques sur la présence des femmes au Vatican, à l’occasion des dix ans du pontificat de François. Si leur présence augmente légèrement (23% des employés), seuls 5% de femmes occupent des postes à haute responsabilité. Ce même jour, le pape signe la préface du livre « Plus de leadership féminin pour un monde meilleur » (éditions Vita e Pensiero), où il s’inquiète des « pas en arrière » possibles, dans les droits des femmes. |
Depuis son élection, « le pape François a augmenté la présence, la visibilité et l’influence des femmes au Vatican », souligne la journaliste autrichienne Gudrun Sailer dans l’article publié sur Vatican News. D’après les chiffres publiés par le Saint-Siège, le Vatican compte aujourd’hui au total 1 165 employées femmes – contre 846 au début du pontificat en 2013. Leur proportion est passée de 19,2 à 23,4%. Et dans la Curie romaine, plus d’un employé sur 4 est une femme (celles-ci représentant 812 employées sur 3 114 au total). 19% de femmes au Vatican En 2022, 43% des femmes employées à la Curie travaillaient aux 6e et 7e niveaux de l’échelle hiérarchique. Celle-ci compte 10 niveaux, le plus faible étant le niveau 1. Et certaines ont atteint les niveaux de direction, cinq d’entre elles étant sous-secrétaires. La Curie compte en outre une secrétaire, en la personne de sœur Alessandra Smerilli, qui occupe la plus haute charge jamais confiée à une femme au Vatican, comme numéro 2 du dicastère pour le Service du développement humain intégral. Si la nomination d’expertes au sein de la Curie a commencé sous Paul VI, précise Gudrun Sailer, cependant François a signé une avancée en rendant possible la nomination de laïcs à la direction de dicastères, dans la constitution apostolique Praedicate Evangelium de 2022. Les femmes peuvent donc désormais devenir « préfète ». Dans une interview accordée au journal espagnol ABC publiée le 17 décembre 2022, le pape François annonçait qu’il nommerait une femme à la tête d’un dicastère « qui sera vacant d’ici deux ans ». Il assurait qu’il n’y avait « aucun obstacle à ce qu’une femme guide un dicastère où un laïc peut être préfet ». À noter qu’actuellement moins de 5 % de tous les rôles de direction de la Curie sont confiés à des femmes. Au sein de l’État de la Cité du Vatican, où la proportion de femmes est restée stable (19%), le pontife argentin a nommé deux femmes en position de dirigeantes : Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican depuis 2016, et sœur Raffaella Petrini, secrétaire générale du Gouvernorat depuis 2022. Gudrun Sailer fait remarquer que le pape François est le premier Pape à avoir nommé des femmes comme membres d’organes de la Curie, leur donnant le droit de vote, qui était jusqu’à présent réservé aux prélats. Pour la journaliste, à ces postes, elles peuvent « influencer le Vatican tout en gardant leur indépendance ». Depuis 2020, six femmes – sur 15 membres – ont ainsi intégré le conseil pour l’Économie. Autre initiative notable : en 2022, le pape François a nommé deux religieuses et une laïque, membres du dicastère pour les Évêques. Cependant, rappelle la journaliste, le pontife de 86 ans a incité à plusieurs reprises à ne pas réduire la mission des femmes à un aspect purement fonctionnel. Oppression patriarcale et machiste « Les questions liées au monde féminin me tiennent particulièrement à cœur », confie le pape François dans la préface d’un ouvrage de recherche académique promue par la fondation Centesimus Annus pro Pontifice et publié pour la journée internationale. Le Pape s’inquiète que le « chemin de l’affirmation féminine » soit « tourmenté », « pas définitif », et que l’on puisse « facilement faire des pas en arrière ». Il souhaite « des opportunités égales pour les hommes et les femmes », et que les femmes « soient rémunérées sur un pied d’égalité avec les hommes à parité de rôle, d’engagement et de responsabilité », qualifiant les disparités de « grave injustice ». Cependant, pour le pontife, la parité doit se faire « dans la diversité, et non parce que les femmes assumeraient des comportements masculins ». En effet, argumente-t-il, « la pensée des femmes et différente de celle des hommes ». Celles-ci sont « plus attentives à la protection de l’environnement », estime-t-il notamment. Le Pape considère que c’est la femme qui « porte l’harmonie », et que les femmes « veulent toujours la paix ». Pouvant exprimer « à la fois la force et la tendresse », elles « savent inspirer les nouvelles générations – pas seulement leur enfants », écrit-il, assurant que « les femmes rendent le monde plus beau ». Le chef de l’Église catholique condamne les violences sur les femmes, y voyant « une culture d’oppression patriarcale et machiste ». Il exhorte à « ne pas laisser les femmes seules », déplorant « qu’aujourd’hui encore, quelque 130 millions de filles dans le monde ne vont pas à l’école ». En évoquant la Journée internationale des femmes également lors de l’audience générale du 8 mars, le pape François a eu une pensée « pour toutes les femmes ». Et d’ajouter : « Je les remercie pour leur engagement à construire une société plus humaine, à travers leur capacité de saisir la réalité avec un regard créatif et un cœur tendre ». Cette capacité est « un privilège » des femmes, a estimé le pontife, avant d’inviter la foule présente sur la place à applaudir les femmes, qui « le méritent ». |
Voir Dix ans de pontificat de François, où sont les femmes ?
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