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Drones italiens pour la guerre en Rd Congo

16.01.2014 Antonio Mazzeo Traduit par: Jpic-jp.org Shopping onusien en Italie pour les opérations de guerre en Afrique. Des avions sans pilote “Falco” (Epervier), de la Selex ES (Finmeccanica), achetés par le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la Mission militaire en République démocratique du Congo (MONUSCO).

Les drones-espions survolent depuis le 3 décembre dernier la région orientale du Kivu du Nord, à la frontière avec le Rwanda, afin de “contrôler” les mouvements des groupes armés anti-gouvernementaux et les déplacements des populations civiles. Les avions sont arrivés à la base des forces armées congolaises de Goma le 15 novembre 2013, à bord d’un C-130J “Hercules” de l’Aéronautique militaire italienne. Le contrat d’achat de cinq avions sans pilote “Falco” (prix global 50 millions d’euros) avait été signé fin juillet avec Selex ES par le Département des Opérations de Maintien de la paix de l’ONU. La livraison des trois drones restants est prévue avant fin février 2014.

Le “Falco” est un aérodyne télécommandé en mesure de voler à des altitudes moyennes, il a un rayon opérationnel de 250 km, une autonomie supérieure à 12 heures de vol et peut transporter des cargaisons différentes dont des radars à haute résolution qui permettent de repérer, jour et nuit, des objectifs en temps réel et à une distance considérable. Le drone a été expérimenté la première fois en 2004 au polygone sarde de Salto di Quirra.

«Nous allons nous servir de ces engins désarmés et sans équipage, convaincus que nous sommes de leur force de dissuasion», a déclaré Hervé Ladsous, responsable onusien pour les Opérations de maintien de la paix. La mission militaire basée en RD Congo est la première dans laquelle l’ONU se sert de drones. «Nous avons besoin d’avoir un cadre plus précis de ce que qui se passe en RD Congo et si l’emploi des drones avait du succès, ils pourraient servir dans d’autres missions de l’ONU», a ajouté Hervé Ladsous. D’après le site d’information Analisi Difesa, le Mali et la République Centrafricaine pourraient devenir les prochains pays appelés à accueillir les aérodynes de l’ONU, «afin de surveiller de vastes espaces avec des contingents militaires à dimension réduite». Au premier rang de la fourniture de systèmes d’armes télécommandés on retrouve encore Selex ES. Après avoir vendu les “Falco” au Pakistan, en septembre 2013, la maison du groupe Finmeccanica a annoncé avoir signé un contrat de 40 millions d’euros pour la remise de quelques drones-espions à un pays du Moyen Orient resté secret. Par le passé, Selex ES avait entamé des négociations de vente des “Falco” avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, ainsi qu’avec les forces armées d’Algérie et de Malaisie.

La mission MONUSCO en RD Congo est la plus vaste opération onusienne en cours. Y participent plus que 20 000 hommes originaires de plusieurs pays d’Afrique, y compris les 3 000 militaires de la Brigade d’intervention créée le 28 mars 2013 par la résolution n. 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a prorogé le mandat des casques bleus jusqu’au 31 mars 2014. Comme l’a déclaré le porte-parole des Nations Unies, tant les drones made in Italy que la nouvelle Brigade d’intervention rapide «représentent les nouveaux moyens mis à la disposition par l’ONU afin de soutenir l’effort politique renouvelé» dans ce pays africain. La Brigade d’intervention est composée de trois bataillons d’infanterie, une batterie d’artillerie et une compagnie de “forces spéciales” fournis par l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi. «Le but de la Brigade est de contribuer à réduire la menace des groupes armés contre les autorités de l’Etat et la sécurité des civils et de renforcer les activités de stabilisation dans la région orientale de la RD Congo», expliquent les Nations Unies. Dans les déclarations officielles au Palais de Verre on manifeste en outre la nécessité que la nouvelle task force ne limite pas son intervention à la simple interposition entre les parties en conflit, mais œuvre aussi activement à “neutraliser des groupes armés”, en autonomie ou conjointement aux forces armées congolaises. Une brigade combattante qui, afin d’identifier les cibles à frapper et “neutraliser”, peut donc compter à partir d’aujourd’hui sur les drones de Selex ES.

En étroit contact avec les militaires de la MONUSCO et de la Brigade d’intervention œuvre aussi la mission EUPOL RD Congo instituée par l’Union européenne afin de superviser la “formation” et l’entrainement des forces de police locale. A la mission, qui va certainement se poursuivre jusqu’à fin septembre 2014, prennent part une quarantaine d’agents de police spécialisés originaires de sept pays européens de l’UE, basés à Kinshasa et Goma.

La RD Congo est déchirée par un des conflits les plus sanglants de toute l’Afrique. Fomenté par des gouvernements occidentaux et par les plus grandes agences internationales qui visent au contrôle des importantes ressources stratégiques présentes, ce conflit voit comme protagonistes une dizaine au moins de groupes rebelles, armés et soutenus par les gouvernements des Etats limitrophes de la RD Congo. Parmi les plus importantes organisations anti-gouvernementales se distinguent le M23 (le Mouvement du 23 Mars), soutenu ouvertement par l’armée du Rwanda, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), organisées par des extrémistes Hutu qui en 1994 avaient pris part au génocide au Rwanda et avaient ensuite trouvé refuge en RD Congo, le Allied Democratic Forces and the National Army for the Liberation of Uganda (ADF-NALU), le mouvement Mai-Mai Kata Katanga. Il y a quelques mois, les milices du M23 avaient déclenché une attaque contre un campement militaire de la mission MONUSCO à Kibati, localité où a aussi son siège le commandement de la Brigade d’intervention nouvellement constituée sous la direction de l’ONU. Les Nations Unies et les forces armées congolaises ont répondu en lançant à l’encontre de M23 une contre attaque massive qui, fin novembre, a provoqué la “débâcle” des milices rebelles. Le 12 décembre, les leaders du M23 ont signé un “accord de paix” avec le gouvernement de la RD Congo à Nairobi (Kenya), en s’engageant à renoncer à la lutte armée et à se transformer en force politique.

Où est le mauvais côté de l’affaire?

1-. Il y a deux ans le Conseil de Sécurité avait demandé l’autorisation de se servir des avions-espions sans pilote dans cette région africaine tourmentée, mais le Rwanda et l’Ouganda, en particulier, s’y étaient durement opposés. Pour quelle raison?

2-. Selon des sources officielles de l’ONU, le conflit militaire en RD Congo a déjà fait 2,6 millions de déplacés et plus qu’un demi-million de réfugiés. Entre 3,5 et 5 millions de morts à la suite des combats, alors que 6,4 millions de congolais ont un urgent besoin de nourriture et d’assistance sanitaire pour les mois à venir. De l’aide humanitaire promise par le Palais de Verre, jusqu’à présent rien. En revanche, pour alimenter la guerre voilà les drones de Selex ES, à 10 millions d’euros la pièce.

Si les gens vivent bien et sont heureux, ils ne vont pas en guerre.

Note. Des petits arrangements ont été faits pour actualiser l’article

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