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Énergie nucléaire : l’Afrique, un vaste chantier en devenir

Rivista Nigrizia 01.04.2025 Rocco Bellantone Traduit par: Jpic-jp.org

Sur le continent africain, la croissance démographique constante et la course au développement font de l’accès à l’électricité une question cruciale. Au-delà de l’Afrique du Sud et de l’Égypte, plusieurs autres pays investissent déjà dans la construction de centrales. Pour l’instant, la solution la plus répandue reste le mix énergétique combinant sources renouvelables et fossiles.

De plus en plus de pays africains se montrent prêts à investir dans la construction de centrales nucléaires. Outre l’Afrique du Sud, qui dispose déjà d’une installation, et l’Égypte, où un réacteur est en cours de construction, d’autres États du continent manifestent un vif intérêt pour la production d’énergie nucléaire. La Russie et la Chine figurent parmi les partenaires extra continentaux les plus impliqués.

Selon la World Nuclear Association, une organisation internationale de promotion de l’énergie atomique, l’Afrique pourrait atteindre une capacité installée de 18 000 mégawatts (MW) d’ici à 2040. Du Ghana au Kenya, du Nigeria au Zimbabwe, les projets se multiplient. Toutefois, la recherche de financements et les retards déjà enregistrés dans certains chantiers pourraient freiner les ambitions de plusieurs de ces pays.

Afrique du Sud

Depuis 1984, la centrale de Koeberg, située à 30 km au nord du Cap, est raccordée au réseau électrique national. Dotée de deux réacteurs de 900 MW chacun, elle couvre actuellement 5 % des besoins énergétiques du pays.

Depuis des années, l’Afrique du Sud évoque la nécessité de renforcer le programme de développement nucléaire piloté par la South African Nuclear Energy Corporation, une entreprise publique. À ce jour, 1,2 milliard de rands ont été alloués à cette fin depuis le budget de l’État.

Cependant, selon le ministre de l’Électricité et de l’Énergie, Kgosientsho Ramokgopa, plus de 60 milliards de rands (environ 3 milliards d’euros) seraient nécessaires, notamment pour construire un nouveau réacteur polyvalent, qui viendrait s’ajouter aux deux réacteurs à eau pressurisée en service depuis 1984-1985. Une dépense considérable, pour laquelle le gouvernement sud-africain entend solliciter l’appui d’entreprises privées étrangères.

Égypte

En 2022, le gouvernement égyptien, en partenariat avec la société russe Rosatom, a lancé la construction de sa première centrale nucléaire à El Dabaa, une localité située sur la Méditerranée, dans le gouvernorat de Matrouh, à environ 300 kilomètres au nord-ouest du Caire.

Le coût total du projet, estimé à environ 30 milliards d’euros, est financé à 85 % par Moscou au moyen d’un prêt s’étalant sur 22 ans. La centrale comprendra quatre réacteurs de 1 200 MW chacun, ce qui en fera une installation de capacité supérieure à celle sud-africaine. Environ 20 000 ouvriers participent actuellement à sa construction. Sa mise en service est prévue à l’horizon 2031.

Ghana

Derrière l’Afrique du Sud et l’Égypte, le Ghana est le pays qui avance le plus rapidement vers le nucléaire. En septembre 2023, Nuclear Power Ghana (NPG), une société partiellement détenue par l’État, a identifié un site pour la construction d’une centrale à Nsuban, une localité côtière de l’ouest du pays. Un second site, à Obotan, au centre du pays, a été retenu comme alternative.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a donné un avis favorable sur ces deux sites. En ce qui concerne l’appel d’offres, plusieurs acteurs sont en lice : la China National Nuclear Corporation (CNNC), Électricité de France, l’américaine NuScale Power Corporation et la russe Rosatom.

Il semble toutefois acquis que l’échéance initiale fixée pour la mise en service de l’installation – à savoir 2030 – ne sera pas respectée. Le début des travaux est prévu pour 2028, et il faudra au minimum cinq ans pour achever la construction.

Deux autres éléments méritent attention dans ce dossier. Actuellement, le Ghana produit 5,5 GW d’électricité. Or, un réacteur nucléaire génère généralement 1 GW, et les lignes directrices de l’AIEA préconisent qu’une seule centrale ne dépasse pas 10 % de la capacité énergétique totale d’un pays. Le Ghana devrait donc d’abord augmenter sa production électrique pour pouvoir intégrer un réacteur nucléaire à son réseau.

Par ailleurs, le pays bénéficie d’un programme d’aide économique du Fonds monétaire international. Cette dépendance pourrait limiter sa capacité à gérer de manière autonome un programme nucléaire, ce qui pourrait refroidir d’éventuels partenaires privés, en quête de garanties solides.

Les autres pays

En 2017, le Nigeria a signé un accord avec Rosatom pour la construction d’une centrale nucléaire de 2 400 MW à Geregu, dans l’État de Kogi. Cette installation vise principalement à alimenter la capitale, Abuja.

Le Kenya, pour sa part, envisage de construire une centrale de 1 000 MW à partir de 2027, dans le comté de Kilifi, sur la côte, à quelque 522 kilomètres au sud-est de Nairobi. Le coût du projet est estimé à environ 5 milliards d’euros.

D’autres pays pourraient disposer de leur propre centrale d’ici une ou deux décennies : l’Algérie, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Maroc, le Niger, la Namibie, le Rwanda, le Sénégal, le Soudan, la Tanzanie, la Tunisie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.

Limites et enjeux environnementaux

Dans un continent où la population devrait passer de 1,4 à 2,4 milliards d’habitants d’ici 2050, l’accès à l’électricité est plus que jamais un enjeu décisif. Aujourd’hui, seuls 700 millions d’Africains – soit environ la moitié de la population – y ont accès.

Les partisans du nucléaire avancent qu’il s’agit d’une source stable, indispensable pour accompagner la croissance rapide des zones urbaines, alimenter les industries et éviter les fréquentes coupures de courant, particulièrement en zones rurales. Contrairement au solaire ou à l’éolien, le nucléaire n’est pas une énergie intermittente et ne dépend ni des conditions géographiques ni de la météo.

Cependant, les énergies renouvelables progressent rapidement sur le continent. Elles couvrent actuellement 55 % de la consommation énergétique africaine, selon l’UN Sustainable Development Group. Ce pourcentage est appelé à croître dans les années à venir, rendant, aux yeux de beaucoup, les projets nucléaires en cours quelque peu « anachroniques », non seulement en Afrique, mais aussi en Europe, y compris en Italie.

Le compromis le plus fréquemment envisagé demeure celui du mix énergétique. L’Afrique continue d’investir simultanément dans le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité, tout en développant des projets nucléaires, sans pour autant renoncer aux ressources fossiles. Nombre de gouvernements n’ont d’ailleurs aucune intention de remettre en cause les accords en cours avec les grandes compagnies internationales du secteur pétrolier et gazier.

Au milieu de cette dynamique, les défis ne manquent pas, à commencer par la gestion des déchets radioactifs. Un problème que l’Italie, par exemple, n’est toujours pas parvenue à résoudre : le pays n’a toujours pas réussi à désigner un site national de stockage pour ses déchets nucléaires.

Voir, Energia nucleare: l’Africa è un cantiere aperto

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Margaret Henderson 06.07.2025 I’d never thought about Africa and nuclear energy before… for no good reason. I do think, however, that mixed sources of energy is a good way forward, as long as the disposal of nuclear waste is given the attention it needs.