La beauté cosmique signe d’espérance pour l’humanité. Le 3 novembre 2025 s’ouvrira, dans les jardins du Vatican à Castel Gandolfo, la première exposition du Centre des visiteurs de la Specola Vaticana (l’Observatoire du Vatican). Intitulée « Incantati dalla Meraviglia » (Enchantés par la Merveille), cette initiative inaugurale s’inscrit dans le cadre du Jubilé 2025 de l’Espérance voulu par le pape François.
« La beauté est une promesse de bonheur », écrivait Stendhal. Cette promesse traverse les siècles et les tragédies humaines. Après la bombe atomique, les habitants d’Hiroshima replantèrent des cerisiers. Dès 1946, chaque floraison devient un acte d’espérance dans la vie. La nature renaissante incarne dès lors la victoire silencieuse de la beauté sur la désolation.
Le poète espagnol Gustavo Adolfo Bécquer l’avait pressenti : « Mientras haya en el mundo primavera, ¡habrá poesía! » - Tant qu’il y aura le printemps dans le monde, il y aura de la poésie -.
Fruit d’une collaboration entre la Specola Vaticana, la Johns Hopkins University et le Space Telescope Science Institute, l’exposition réunit des images spectaculaires des télescopes Hubble et James Webb.
Ces clichés de grand format — aurores de Jupiter, nébuleuses, exoplanètes, naissances d’étoiles — sont accompagnés de textes explicatifs rédigés par des astrophysiciens. Ils permettent de plonger dans la beauté de l’univers, révélée par la science.
Une beauté que le philosophe chinois Confucius résumait déjà ainsi : « Tout a sa beauté, mais tout le monde ne la voit pas ».
L’exposition, organisée par les « astronomes du pape », marque aussi l’ouverture officielle du Centre des visiteurs de la Specola Vaticana, situé à Castel Gandolfo et accessible sur réservation via le site des Musées du Vatican. Le lieu veut devenir un pont entre science et foi, raison et contemplation, recherche comme source d’espérance.
S’adressant à l’École d’été 2025 de la Specola, le pape Léon XIV reprenant les mots de François a confié : « Ces images nous remplissent de merveille et d’une joie mystérieuse lorsque nous contemplons leur beauté sublime ». Cette « joie mystérieuse » ouvre le cœur à la bonté et à l’espérance. Le critique d’art anglais John Ruskin le soulignait déjà : « Beauty is the promise of happiness, and hope is the memory of beauty ». La beauté est une promesse de bonheur, et l’espérance la mémoire de la beauté. Autrement dit, la beauté réveille en nous la mémoire du bonheur possible, celui qu’annonce toute espérance.
Depuis leurs lancements, Hubble (1990) et James Webb (2021) ont offert près de deux millions d’observations et alimenté des milliers d’études scientifiques. Mais au-delà des chiffres, ils ont surtout élargi notre regard ouvrant de nouveaux horizons de connaissance et d’espérance. Desmond Tutu le disait à sa manière : « L’espérance, c’est la capacité de voir qu’il y a de la lumière malgré les ténèbres ». Et Leonard Cohen ajoutait : « Il y a une fissure en toute chose, c’est par là que la lumière entre. », la beauté, comme la lumière, surgit souvent des failles : c’est son mystère et sa force.
Pour le frère Guy Consolmagno, jésuite et directeur émérite de la Specola Vaticana, ces images sont une véritable prière visuelle : « Ces images spectaculaires nous donnent l’impression d’être plongés dans les nébuleuses et les galaxies. Montrer leur beauté et les découvertes scientifiques qui s’y rattachent est une manière de rendre gloire à leur Créateur ».
Même émerveillement du côté du physicien Ray Jayawardhana, recteur de la Johns Hopkins University : « Ces images transforment poussière et gaz en cathédrales de lumière et de connaissance. Elles témoignent de la curiosité humaine et peuvent raviver en chacun de nous le sens de l’émerveillement et, espérons-le, d’inspirer la prochaine génération de chercheurs ». Et de conclure : « Donde florece la esperanza, la belleza no muere jamás » - Là où fleurit l’espérance, la beauté ne meurt jamais -.
Cette exposition montre combien la vraie foi dialogue toujours avec la science, l’art et la culture. En contemplant la beauté de la création, l’homme redécouvre la source de l’espérance : la vie qui renaît. La beauté devient un langage universel de l’espérance.
Giotto, au XIIIᵉ siècle, peignit la vie de saint François dans des fresques d’une humanité nouvelle, ouvrant les portes de l’art à la foi et annonçant la paix possible dans un monde en crise.
Dans les camps de concentration, des prisonniers — surtout des femmes — jouaient de la musique pour survivre et préserver leur dignité : la beauté fragile et sublime des sons résistait à la mort, porteuse d’une espérance qui résistait à la mort.
Pendant l’apartheid, les chants de libération dans les townships d’Afrique du Sud gardaient la promesse d’un jour nouveau, jusqu’à la libération de Nelson Mandela.
Et après la guerre, Marc Chagall illumina la cathédrale de Reims de vitraux aux couleurs de paix et de réconciliation : l’art devenait lumière et espérance pour une Europe meurtrie.
Dans le cadre du Jubilé de l’Espérance, « Enchantés par la Merveille » rappelle que la beauté — celle des étoiles, de la nature ou de l’art — reste l’un des visages les plus profonds de l’espérance.
Elle témoigne que la vie est plus forte que la mort, que la lumière renaît des ténèbres, et que, même dans l’infini du cosmos, l’homme reste capable de s’émerveiller.
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