Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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La grande beauté

Comune Info 08.04.2018 Francesco Gesualdi Traduit par: Jpic-jp.org

Peu de gens savent que l'éclat et l'effet perle du rouge à lèvres, des ombres à paupières, du vernis à ongles, des produits pour les cheveux, est due à la présence du mica, un minéral fragile d’un aspect cristallin grâce à sa lumière thermique, chimique, qui est utilisé non seulement dans l'industrie cosmétique, mais aussi dans celle de la peinture, de l'électronique et de l'automobile.

Surement encore plus petit est le nombre de ceux qui savent qu'un quart de la production mondiale de mica vient de l'Inde - des États du Jharkhand et du Bihar pour être précis -, et sort de mines à 90% illégales car elles emploient un grand nombre d’enfants travailleurs. Un rapport, qui vient d'être publié par le néerlandais Somo, Global mining mica and the impact on children rights (l'exploitation minière mondiale du mica et son impact sur les droits des enfants), nous informe que les enfants utilisés en Inde dans l'extraction du mica sont autour de 22 000, beaucoup d'entre eux de moins de douze ans. Au lieu d'aller à l'école, ils passent leurs journées à effriter les paillettes de mica, quand ils ne doivent pas descendre dans les tunnels souterrains pour détacher les plaques et les amener à la surface. Les enfants ont des salaires d'esclaves, ainsi que leurs pères qui, à cause de cela, sont obligés de demander à leurs enfants de les suivre au travail. Et les voilà, parmi les pierres, ces petits producteurs de mica, poussiéreux, minables et rabougris qui nous permettent de développer des breloques brillantes.

Déjà en 2016, la Fondation Reuters, a publié un rapport qui signalait leur situation en notant que les enfants qui travaillent ne doivent pas seulement faire face à une lourde fatigue, mais aussi à la poussière qui affecte leurs poumons et aux accidents parfois si graves qu’ils causent des blessures et des fractures mutilantes quand ce n’est pas la mort (Regardez la vidéo The Ugly Face of Beauty: Is Child Labour the Foundation for your Makeup? Le visage laid de la beauté : le travail des enfants est-il la base de votre maquillage ?). L'organisation indienne Bachpan Bachao, engagée contre le travail des enfants, estime que dans les mines de mica, meurent chaque mois une douzaine de personnes, dont beaucoup sont des mineurs.

Le reportage de la Fondation Reuters a incité plusieurs entreprises qui utilisent le mica, dont L'Oréal, Chanel, H & M, à chercher une protection formant la coordination appelée RMI (Responsible Mica Initiative - Initiative responsable Mica) dans le but d'identifier et de poursuivre des stratégies communes pour lutter contre le travail des enfants. Mais un an plus tard, la Fondation Reuters, en retournant dans les zones minières, constata que rien ou presque n'avait changé. Dans un nouveau document publié en décembre 2017, nous lisons que les enfants continuent à mourir dans ces mines fantômes. Tragiquement, justement le 1er mai à Girihit, dans l'État de Jharkhand, quatre personnes sont mortes, dont deux adolescentes. La mère de l'une d'elle raconte : « Quand nous avons appris que la mine s'était effondrée, nous sommes venus en courant et nous avons creusé à mains nues pour chercher Laxmi. Malgré une jambe cassée, la fille avait réussi à se diriger vers la sortie, mais nous sommes arrivés trop tard : nous l'avons trouvée morte. Elle avait douze ans ».

Les représentants des organisations non gouvernementales indiennes répètent : « La RMI a fait de nombreuses promesses, mais toutes ont échoué ». Les entreprises elles-mêmes l’admettent : « Les initiatives prises jusqu'à présent n'ont que marginalement contribué à la lutte contre le travail des enfants, car l'effort collectif demandé par l'alliance a échoué ».

Tout au plus, des initiatives philanthropiques ont été prises, plus utiles pour l’image publique des entreprises que pour la dignité des personnes. Le vrai défi est la dignité du travail, car le travail des enfants disparaitrait de lui-même si les familles étaient affranchies de la nécessité. Un objectif qui nécessite bien plus que de simples actions de contrôle. Dans un premier temps, le contrôle policier est très utile car il permet d’exclure la présence de fournisseurs illégaux dans les chaînes de production. Mais alors, des politiques proactives sont nécessaires pour garantir la sécurité des lieux de travail, les libertés syndicales et le paiement de salaires viables. Il est toutefois peu probable que les entreprises entrent spontanément dans un chemin incompatible avec la logique du profit. Elles ne le feront que si elles y sont poussées par les consommateurs qui, d’ailleurs, ont déjà obtenu un résultat important dans le secteur des cosmétiques. En 2009, une réglementation européenne a été adoptée qui interdit les tests des produits cosmétiques sur les animaux et la vente de produits cosmétiques contenant des ingrédients testés sur les animaux. Cette disposition a été le résultat d'une longue bataille de la société civile, démontrant que vouloir est pouvoir. Aujourd'hui, nous devons utiliser la même détermination pour libérer « la beauté » d'une autre forme de cruauté encore plus odieuse. Nous devons exiger des institutions et des entreprises qu’elles prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir la dignité du travail et affranchir l'humanité de la honte du travail des enfants. Ne pas le faire équivaudrait à dire que nous avons moins de respect pour la vie d'un enfant que de celle d'un rat.

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