Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Rerum novarum, une encyclique prophétique

Butembo 15.05.2025 Jpic-jp.org Traduit par: Jpic-jp.org

Le 15 mai a marqué l'anniversaire de la publication d’une des encycliques les plus célèbres du XIXe siècle, celle de Léon XIII, Rerum novarum, en 1891. Cette encyclique explique en partie le choix du nouveau Pape de s’appeler Léon XIV, car elle aborde la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle en Europe, mais fait aussi écho aux nouveaux défis posés par l'intelligence artificielle.

Les « choses nouvelles » du temps du Pape Léon XIII ne le sont plus aujourd’hui en Europe, en Amérique du Nord, et en certaines régions d’Asie, mais elles le sont encore dans plusieurs pays en développement et même dans des zones du monde développé ou le travailleur n’est pas avant tout considéré comme sujet de droits et de devoir mais comme une pièce du système de production.

La valeur de Rerum Novarum à son époque

Publiée le 15 mai 1891 par le pape Léon XIII, l'encyclique Rerum Novarum (littéralement « Des choses nouvelles ») marque un tournant majeur dans l'histoire de l'Église catholique. Elle constitue le texte fondateur de la doctrine sociale de l'Église, abordant pour la première fois de manière systématique les questions sociales et économiques liées à l'industrialisation croissante de la société.

À la fin du XIXe siècle, l'Europe est en pleine révolution industrielle : les conditions de travail des ouvriers sont souvent précaires, les salaires très bas, les journées de travail trop longues. Face à cette situation, deux idéologies dominent le débat social : le libéralisme économique, prônant le « laissez-faire », et le socialisme, appelant à la collectivisation des moyens de production. Léon XIII rejette ces deux extrêmes. Il critique le capitalisme sauvage pour son exploitation des travailleurs, tout en condamnant le socialisme pour sa négation du droit de propriété privée.

Ainsi Rerum Novarum affirme plusieurs principes fondamentaux :

  • Le droit à la propriété privée, considéré comme naturel et nécessaire à la dignité humaine.
  • Le droit du travailleur à un salaire juste, suffisant pour subvenir aux besoins de sa famille.
  • Le droit des ouvriers à s'associer en syndicats pour défendre leurs intérêts.
  • La responsabilité de l'État à réguler les conditions de travail et protéger les plus faibles.

En proposant une « troisième voie » entre le capitalisme libéral et le socialisme, l'encyclique offre une réponse chrétienne aux défis sociaux de son temps. Elle inspire la création de syndicats chrétiens et influence la législation sociale dans plusieurs pays européens.

La signification de Rerum Novarum pour le pape Léon XIII

Pour Léon XIII, Rerum Novarum n'est pas seulement une réponse aux problèmes sociaux de son époque, mais aussi une affirmation du rôle de l'Église dans le monde moderne. En abordant des questions économiques et sociales, le pape rompt avec une tradition de retrait de l'Église des affaires temporelles. Il affirme que l'Église a le devoir d’éclairer la société dans un chemin vers la justice et la paix, en s'appuyant sur les principes de la foi chrétienne.

Léon XIII voit dans la question sociale un espace où l'Église est appelée à renouer avec les classes populaires, souvent éloignées de la foi en raison de l'exploitation qu'elles subissent. En prenant position en faveur des travailleurs, il cherche à montrer que l'Église est du côté des opprimés et qu'elle œuvre pour un ordre social plus juste.

L'encyclique reflète également la vision personnelle du pape, influencée par ses expériences en tant que nonce apostolique en Belgique, où il a observé les effets de l'industrialisation sur la classe ouvrière. Il comprend que l'Église doit s'ouvrir aux « choses nouvelles » de son temps pour rester pertinente et fidèle à sa mission évangélique.

En somme, Rerum Novarum est pour Léon XIII un acte de courage et de foi, posant les bases d'une doctrine sociale catholique qui continue d'influencer la pensée et l'action de l'Église jusqu'à aujourd'hui.

En quoi Rerum Novarum inspire le pape Léon XIV

Imaginons que le Pape Léon XIII soit élu aujourd'hui avec le nom de Pape Léon XIV : comment Rerum Novarum serait-elle une inspiration pour son pontificat ? Voici quelques points clés :

1-. Repenser la Justice Sociale au XXIe siècle. Rerum Novarum a été une réponse prophétique aux défis sociaux du XIXe siècle. De la même manière, un pape Léon XIV pourrait s’en inspirer pour affronter les nouvelles formes d’injustices :

  • Précarité des travailleurs du numérique (Ubérisation, contrats précaires) ;
  • Inégalités Nord-Sud amplifiées par la mondialisation ;
  • Exploitation des ressources et crise écologique liées au capitalisme effréné.

Il pourrait donc actualiser le message en insistant sur la dignité du travail humain face à l’automatisation et aux logiques purement financières.

2-. Défendre la centralité de la personne humaine. Comme Léon XIII l’a fait en son temps, Léon XIV pourrait rappeler que :

  • L’économie doit être au service de l’homme, et non l’inverse ;
  • Une économie « à visage humain » doit être promue où les plus faibles (migrants, pauvres, exclus) ont une place de choix ;

Il construirait ainsi « un pont » - une de ses lignes programmatiques -, entre Léon XIII et le Pape François, pour relier toute cette richesse de Rerum Novarum et Fratelli Tutti aux concepts actuels de l’économie circulaire, la sobriété heureuse et le travail décent pour tous.

3-. Encourager des formes modernes de solidarité

Rerum Novarum a soutenu la formation de syndicats chrétiens pour défendre les ouvriers.
Aujourd'hui, Léon XIV pourrait promouvoir :

  • Les coopératives sociales et solidaires ;
  • Les nouvelles formes d’engagement associatif local et global ;
  • Le numérique comme outil d'entraide (plateformes solidaires).

Il remettrait ainsi en avant la subsidiarité : encourager les initiatives locales avant l'intervention des grandes structures. Ici encore il renouerait les inspirations de Léon XIII avec celles du Pape François sur les mouvements sociaux, sur l’inter connectivités entre toutes les instances de la société et l’interdépendance entre vie politique, sociale, économique.

4-. Une voix prophétique face au capitalisme déshumanisé

Léon XIII a osé critiquer le capitalisme sauvage. Léon XIV, lui, pourrait dénoncer :

  • Le pouvoir excessif des multinationales ;
  • La spéculation financière détachée de l’économie réelle ;
  • L’indifférence globale face aux nouvelles formes d’esclavage (travail forcé, exploitation des enfants, traite humaine) ;

Il deviendrait ainsi la voix de l’humanité qui rappelle la responsabilité éthique et sociale des entreprises.

5. Relier écologie et justice sociale (écologie intégrale)

Dans la ligne de Laudato si’, Léon XIV pourrait s’inspirer de Rerum Novarum pour éclairer

  • Les connexions entre la crise sociale et la crise écologique ;
  • L’interdépendance entre la protection de la dignité humaine et le soin de la planète, notre unique maison commune.

Cela semble, sans lui attribuer ce qu’il n’a pas encore annoncé, être la signification du choix de son nom comme inspiration de son pontificat : une doctrine sociale renouvelée pour le monde d’aujourd’hui, une richesse longtemps absente dans la prédication de l’Eglise que le Pape Léon XIV a déjà fait comprendre qu’il se propose d’offrir à la société moderne.

 

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Bernard Farine 29.05.2025 Ce texte est d'une grande clarté. Puisse le nouveau pape mettre ses actes en cohérence avec le choix de son nom, comme tu le proposes.