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Dans le silence, la dette étrangle les pays fragiles

Avvenire 27.06.2025 Paolo M. Alfieri Traduit par: Jpic-jp.org

Le nouveau rapport de la CNUCED souligne que 3,4 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent plus en intérêts qu’en santé ou en éducation. Le rendement des obligations africaines à dix ans explose.

 

Alors que la diplomatie ne parle plus que d’armes, de guerre et de défense, le silence autour du financement du développement devient de plus en plus assourdissant, malgré l’ouverture dans ces jours à Séville d’une conférence de l’ONU sur le sujet, à laquelle l’absence des États-Unis de Trump est déjà annoncée. Presque ignorée par les médias, l’UNCTAD, agence onusienne pour le commerce et le développement, a publié à New York son rapport annuel avec de nouvelles données inquiétantes sur la dette mondiale, en particulier celle des pays en développement, dont les économies sont broyées par les intérêts à payer aux créanciers privés, publics et multilatéraux.

En une seule année, le rapport « Un monde de dettes » certifie que le total des intérêts nets sur la dette des pays vulnérables a augmenté de 10%, atteignant 921 milliards de dollars, ces pays étant contraints d’emprunter à des taux toujours plus élevés sur le marché global du crédit. Globalement, la dette mondiale a atteint 104 000 milliards de dollars (en hausse par rapport aux 97 000 milliards de 2023), dont un tiers, soit 31 000 milliards, correspond à l’endettement des pays en développement. Au cours des dix dernières années, la dette des pays fragiles a crû à un rythme deux fois plus rapide que celui des économies avancées.

Alors que l’aide mondiale s’effondre — en particulier les aides américaines liées au programme USAID, mais aussi celles de plusieurs pays européens —, les pays fragiles peinent à augmenter leurs recettes fiscales, d’une part à cause du caractère informel de la majeure partie de leurs économies, d’autre part en raison du manque de transparence et d’infrastructures adéquates. Désormais, souligne la CNUCED, 3,4 milliards de personnes dans le monde (contre 3,3 milliards il y a un an) vivent dans des États contraints de dépenser plus pour le service de la dette que pour la santé ou l’éducation. Cela concerne 61 pays, contre 54 un an plus tôt. Le résultat est que l’accès aux services de base reste un mirage pour une large part de la population mondiale, augmentant le mécontentement des communautés locales et provoquant des affrontements violents, comme ceux survenus récemment au Kenya.

Les pays en développement ont également enregistré une sortie nette de ressources pour la deuxième année consécutive, remboursant aux créanciers étrangers 25 milliards de dollars de plus pour le service de la dette qu’ils n’ont reçu en nouvelles aides, entraînant ainsi un transfert net de ressources négatif. De plus, le marché du crédit ne fait aucun cadeau aux États fragiles. Perçus comme plus « risqués », sans véritable pouvoir de négociation, les pays en développement ont vu les rendements de leurs obligations s’envoler. Une obligation africaine à dix ans rapporte en moyenne 9,8%, souligne la CNUCED, une obligation d’Amérique latine 7,1%, et une obligation de la région Asie-Océanie 5,5%, contre 2,8% en moyenne pour un titre américain sur la période 2020-2025. Cela signifie que les États fragiles doivent garantir des rendements plus élevés aux créanciers pour obtenir de nouveaux financements et poursuivre leurs activités.

Les restructurations de dette, en cas d’incapacité de paiement des pays pauvres, se sont révélées ces dernières années longues et complexes, en raison d’un marché du crédit de plus en plus contrôlé par les acteurs privés, tandis que 14 défauts de paiement ont déjà été enregistrés dans 9 pays différents depuis 2020. Ces derniers jours, la Commission Jubilé du Vatican, nommée par le pape François, a lancé un appel pour une réforme de l’architecture financière mondiale, afin qu’elle soit au service des personnes et de la planète, sans pénaliser les plus pauvres au nom du profit. Pour atteindre cet objectif, la Commission propose notamment de promouvoir des financements de développement durables, favorisant la réalisation d’objectifs économiques et sociaux à long terme avec des taux préférentiels, et d’améliorer les politiques actuelles de restructuration de la dette, en les rendant plus rapides, pratiques et basées sur la croissance plutôt que sur une simple austérité.

Voir, Nel silenzio il debito stritola i Paesi fragili: interessi a +10% in un anno

Photo. Les restes d’un magasin incendié à Nairobi, ces derniers jours, lors des manifestations antigouvernementales – Ansa

 

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