La mesure de volatilité implicite dans les marchés émergents, qui sont jaugés par le niveau attendu d’oscillation des monnaies, brise tous les records. Pour sa part, le rand a perdu plus de 8% par rapport au dollar US, même s'il a gagné sur la livre sterling. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour une monnaie qui cette année a déjà perdu le 21% par rapport au dollar US.

D'autres monnaies africaines sont plus protégées des tempêtes dans les marchés monétaires internationaux, mais il y aura elles subiront les effets des contrecoups. Si, comme certains le prévoient, le Royaume-Uni tombe dans une récession technique, cela pourrait réduire le commerce et l'investissement entre l'Afrique du Sud et le Royaume-Uni. Et le Royaume-Uni est le quatrième partenaire commercial de l'Afrique du Sud.

De même, si une récession au Royaume-Uni déclenche une baisse de la demande de la part des consommateurs de la Grande-Bretagne, les exportateurs africains pourraient en être affectés. Par exemple, les exportations de roses kenyanes pourraient chuter, parce que les consommateurs britanniques en demandent moins.

Les accords commerciaux du Royaume-Uni avec l'Afrique sont essentiellement des accords commerciaux entre l'UE et l'Afrique. Comme le Royaume-Uni quitte l'Union européenne, tous ces accords devront être renégociés. Cela pourrait prendre des années, laissant les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'Afrique dans les limbes.

Il est probable, cependant, que le Royaume-Uni garde tout simplement les mêmes accords commerciaux avec ses partenaires africains dans un avenir rapproché. Mais le monde des négociations commerciales est difficile à prévoir et il n’est pas aisé d’y naviguer. Certains disent qu'un Royaume-Uni libre de l'UE aura à cœur d'améliorer ses relations commerciales avec ses partenaires du Commonwealth, dont beaucoup sont en Afrique. D'autres disent que, quoiqu'il ait encore à faire des affaires avec l'UE, le Royaume-Uni ira en réalité diriger son regard vers la Chine.

Une grande partie du débat qui a mené au référendum était centré sur l'immigration. Maintenant que le Brexit a été confirmé, les Africains vivant au Royaume-Uni et ceux qui espèrent y aller se sentent préoccupés par leur statut.

On ne sait pas exactement ce à quoi la politique d'immigration post-Brexit ressemblerait, mais de nombreux analystes disent qu'il est à prévoir que les contrôles seront plus serrés. D'autres disent que, afin de renforcer les relations commerciales avec plusieurs pays africains, le Royaume-Uni pourrait rendre un peu plus facile l'immigration pour les citoyens du Commonwealth. Après tout, le FMI prédit que d'ici 2019 le Commonwealth contribuera à la production économique mondiale plus que l'UE. Ainsi, les citoyens africains, dont les pays sont membres du Commonwealth pourraient avoir plus des facilités pour immigrer au Royaume-Uni que ceux des États africains qui ne le sont pas. Il peut donc y avoir des conséquences imprévues.

En termes d'aide au développement, le Brexit soulève une autre interrogation. Le Royaume-Uni a promis 0,7% de son revenu national brut (RNB) à l'aide du développement. Maintenant, alors qu’il ne va probablement pas revenir sur cette promesse, si le Royaume-Uni tombe en récession et le RNB  chute la quantité d'argent pour l'aide sera réduite en termes réels.

Bien plus, le Royaume-Uni a été l'un des plus grands partisans des programmes d'aide de l'UE en Afrique, à la fois politiquement et financièrement. Alors que le Royaume-Uni va très probablement continuer à honorer ses propres engagements d'aide, un changement d'attitude vis-à-vis de l'aide pourrait évoluer au sein d'une Union européenne sans le Royaume-Uni. Le même discours vaut pour la Politique Agricole Communautaire de l'UE (PAC).

Au fil des ans, les agriculteurs africains ont constamment critiqué la PAC pour les subventions qu'elle accorde aux agriculteurs européens, qui, selon eux, sape le principe de jouer sur un terrain équitable. Le Royaume-Uni était peut-être celui qui faisait entendre la voix la plus forte pour une réforme de la PAC dans l'UE. Avec un Royaume-Uni en dehors de l'UE, une PAC qui va continuer de l'avant pourrait soulever des préoccupations pour les agriculteurs africains. Mais, à court terme, il pourrait y avoir quelques avantages pour une poignée d'entreprises africaines.

Par exemple, le secteur des mines d'or de l'Afrique du Sud pourrait voir un heureux lever de soleil. L'incertitude a fait monter en flèche le prix de l'or. Plus encore; tandis que ses coûts sont en rands, l'or qu'elle vend est en dollars; avec une chute du rand par rapport au dollar, donc, il pourrait y avoir de quoi sourire au moins à court terme.

Le dernier week-end, le ministre des Finances de l'Afrique du Sud, Pravin Gordhan, a été cité pour avoir dit que, le Royaume-Uni ayant quitté l'UE, « la volatilité et l'incertitude pourraient avoir un impact sérieux sur nous en tant que pays ». Jusqu'à ce que le brouillard de panique s'efface cela sera vrai, non seulement pour l'Afrique du Sud, mais pour le continent dans son ensemble.

Source: http://www.bbc.com/news/world-africa-36618843

Voir aussi: http://www.brookings.edu/blogs/africa-in-focus/posts/2016/06/23-le-brexit-consequences-pour-lafrique-sy-sow

http://africanarguments.org/2016/06/24/what-will-brexit-mean-for-africa/