Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création

Le riz qui devait sauver le monde

Comune Info 27.01.2018 Silvia Ribeiro Traduit par: Jpic-jp.org

Vous souvenez-vous de l’appel des 110 prix Nobel pour promouvoir le golden rice ogm, archétype du « bon transgénique » qui, avec un fort pourcentage de vitamines A, aurait résolu pour toujours le problème mondial de la malnutrition ? Le soi-disant « riz doré » est un des mythes les plus couteux de l’industrie biotechnologique, utilisé pour essayer de contrer le refus généralisé dans les luttes anti OGM.

On le présente comme l’archétype du « bon transgénique » parce que c’est un riz qui possède un précurseur de la vitamine A, dont le manque constitue une carence significative pour beaucoup de ceux qui souffrent de malnutrition et qui, dans les cas extrêmes, peut mener à la cécité. Ses promoteurs n’ont pas réussi à prouver que dans la pratique il sert réellement à apporter la vitamine A. En outre, en 2017, en Inde, les scientifiques ont rendu compte d’une expérimentation sur le terrain qui a démontré comment l’introduction de cette construction transgénique dans le riz a fait baisser le rendement et la qualité de la culture au point de rendre la récolte inutilisable. Le soi-disant « riz doré » a abondamment été utilisé comme arme de propagande. En 2016, une lettre, en aucun cas scientifique, signée par une centaine de Prix Nobel, a été peut-être l’exemple le plus significatif de la manipulation concernant ce riz par l’industrie des transgéniques. La lettre est pleine d’erreurs qui devraient faire honte à ceux qui l’ont signée ainsi qu’à ceux qui continuent à la présenter comme un document sérieux. Ce type de campagne ne surprend pas de la part de l’industrie biotechnologique, dont font partie des entreprises comme Monsanto dont les interventions ont été considérées comme des cas de corruption dans le but de faire accepter ses produits, par exemple en Indonésie. Ce qui surprend en l’occurrence est que le « riz doré » n’existe pas sous l’aspect fonctionnel, puisque ni les scientifiques qui en font la promotion, ni la Syngenta qui l’a breveté, n’ont réussi jusqu’à présent à produire une ligne stable de « riz doré » qui générerait les bénéfices qu’on lui attribue.

A cela s’ajoute que, en 2017, lors d’expériences sur le terrain réalisées en Inde, la construction transgénique transférée sur une des meilleures variétés (de riz) de ce pays, a endommagé de manière significative la productivité et la qualité du riz du pays. Une équipe de scientifiques a réalisé une étude en introduisant les caractéristiques transgéniques pour obtenir un « riz doré » avec la variété  Swarna, une des variétés les plus productives d’Inde. Le riz qui en a résulté contenait la provitamine A, mais le rendement a drastiquement diminué en plante naine, feuilles pâles, peu de grains et racines latérales anormales. Après des analyses détaillées, l’équipe a conclu que l’atrophie de la plante était due à l’interférence de la construction transgénique du « riz doré »  avec la production des auxines, hormones végétales du riz qui en favorisent la croissance.

A ce propos, la Doctoresse Allison Wilson, dans un article dans l’Independent Science News du 27 octobre 2017, retient qu’avec des impacts imprévisibles d’une telle gravité, il est temps de dire adieu à cette couteuse et négative expérience.

Ceux qui promeuvent les transgéniques assurent que, s’ils n’ont pas réussi à commercialiser ce riz, cela est dû à l’opposition des organisations environnementales contre les transgéniques  qui aurait empêché les enfants du tiers-monde d’y accéder. La réalité, affirme Wilson, est qu’après deux décennies et malgré une grande quantité de ressources, temps et soutiens financiers, inhabituels pour n’importe quelle recherche publique, il s’avère clairement que « ce sont des problèmes intrinsèques au développement des OGM » qui en ont entravé la commercialisation. D’après le Doc. Jonathan Latham, directeur de Bioscience Ressource Project et cité dans le même article, « le riz doré » de la Syngenta a causé un collapsus métabolique (au riz d’Inde). Les critiques classiques contre l’ingénierie génétique dans le développement de la culture se fondent, d’un côté sur le fait que l’ADN étranger introduit altère les séquences génétiques originelles et d’un autre sur le fait que le métabolisme normal de la plante ne pourra pas prévoir ni intégrer ces interférences. L’expérience du « riz doré » en montre à la perfection tous les défauts. Cela est le problème fondamental de l’ingénierie métabolique, affirme Wilson. Il semble plus facile d’altérer artificiellement le métabolisme des plantes – par exemple pour qu’elles produisent le précurseur de la vitamine A – que de contrôler que, en même temps, ne se produisent des altérations imprévues, avec des effets négatifs sur le développement des cultures. Le dénominateur commun des expérimentations de l’ingénierie génétique, des transgéniques et du soi-disant « editing genomico » est l’approche extraordinairement et intentionnellement limitée de l’évaluation autant des problèmes que l’on veut résoudre que des moyens pour  atteindre un tel objectif. Par exemple, on s’y concentre uniquement sur la carence en vitamine A, en l’isolant de la situation générale de pauvreté et de malnutrition (qui provoque beaucoup d’autres carences) de ceux qui en souffrent. Aux Philippines - pays dans lequel on cultive le « riz doré »-, les campagnes pour améliorer l’alimentation, en intégrant légumes et riz traditionnels dans le régime, ont donnés d’excellents résultats pour faire face, de façon durable à la carence en vitamine A, avec un coût bien inférieur. Ce  n’est même plus considéré comme un problème de santé publique.

La « solution technologique » proposée par l’industrie et par les bio technologistes, ignore en plus (ou, bien sûr, de manière intentionnelle) la complexité des génomes et leur interaction dans l’organisme et dans leur évolution avec les agro-systèmes et les écosystèmes, en produisant des aberrations, comme cela s’est produit avec une variété de riz indien des plus productives. Pour tout cela, il est absurde qu’au Mexique, des entrepreneurs en biotechnologie comme F. Bolivar Zapata, Luis Herrera Estrella et A. Lopez Munguia, utilisent le mythe du « riz doré » comme exemple pour défendre les semailles, au Mexique, de maïs transgénique. Ils ne convainquent personne – ou peut-être quelques personnes mal informées– mais rendent un bon service à Monsanto et Syngenta.    

Laisser un commentaire