Le droit de toute personne à l’eau potable et à l’assainissement a été reconnu par l’Assemblée Générale de l'ONU en 2010. Un Groupe de réflexion initié par la Coalition Eau et la Fondation France Libertés, a travaillé pendant deux ans pour la mise en œuvre effective de ce droit en France, et son intégration dans la législation française. Ces travaux ont abouti à l’élaboration d’un texte philosophique et d’un texte juridique qui a été soumis, comme proposition de loi, aux parlementaires français.
En septembre 2013, l’Assemblée Nationale de France a ainsi enregistré la proposition de loi n°1375 visant à la mise en œuvre effective du droit humain à l’eau potable et à l’assainissement en France. Après des mois d’échanges et de travaux avec les différentes parties prenantes, une nouvelle proposition de loi n°2715 a été présentée.
A partir de là, le 23 mars 2020 les membres de la Coalition Eau et la Fondation France Libertés, pour que ce droit soit reconnu à tous, ont lancé l'Appel pour la sécurité hydrique de tous les habitants de la Terre.
Ils écrivent notamment : « Que d'eau ! Que d'eau ! Sur notre planète bleue. Mais quelle eau ? Pour qui ? A quel moment ? Sous quelles conditions ? Ce sont là des questions vitales pour l'avenir de l'humanité. La catastrophe sanitaire due au coronavirus est au cœur des préoccupations d'aujourd'hui. La crise climatique qui a déjà commencé aura également des conséquences planétaires catastrophiques pour les plus fragiles des habitants de le Terre. Dans le cadre des leçons à tirer de ce qui se passe et de ce qui se prépare, il est essentiel d’assurer notre sécurité collective, mise gravement en danger par la raréfaction croissante de l’eau, indispensable à toute forme de vie. C'est ce qui nous nous amène à proposer la création d’un Conseil citoyen de sécurité de l’eau à tous les niveaux : local, régional, national, continental, mais aussi mondial ».
L'ONU « estime que, sans changement de cap, d’ici 2030 la planète sera confrontée à une pénurie d'eau de 40%. Cela se fait d’ailleurs déjà ressentir aujourd’hui. La sécheresse ne touche plus seulement les régions connues pour manquer d’eau, mais aussi la Belgique, la France, l’Italie du Nord, l’Allemagne. Pourtant, nous poursuivons la prédation de la ressource eau sans limite ni conscience ».
L’une des plus grandes mines de charbon au monde, El Cerrejon, en Colombie, consomme 34 millions de litres d’eau par jour, tandis que la Wallonie (qui compte 3,8 millions d’habitants) nécessite 452 millions de litres d’eau chaque jour toutes activités confondues (boisson, hygiène, santé, alimentation, logement, activités industrielles, services, etc.).
« Jusqu'il y a peu, l’eau était considérée comme une ressource abondante, et les autorités et les acteurs économiques ne semblaient manifester aucune inquiétude face aux milliards de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et aux services hygiéniques, comme c’est encore le cas aujourd’hui pour respectivement 2,1 et 4,2 milliards d’êtres humains ».
Le monde des affaires place aujourd'hui l’insécurité hydrique et ses effets parmi les cinq défis mondiaux majeurs des années à venir. « Mais les décideurs politiques paraissent ne se préoccuper que de la sécurité de l'approvisionnement en eau pour l’économie. En effet, si l’eau manque, que vont devenir les grandes multinationales telles que Coca-Cola, Nestlé, Danone, Unilever, Solvay, Arcelor-Mittal, BASF, les sports d’hiver, les pâtes Barilla, l’industrie du ciment, la production de micro-circuits, la production d’énergie hydroélectrique ? ».
La sécurité hydrique risque de devenir l’objet d’une réappropriation par des groupes économiques et financiers (la sécurité pour l’économie) et par les États les plus puissants pour des raisons géopolitiques (la sécurité dite nationale). Si tel devait être le cas, le monde serait confronté à de nouvelles « guerres pour l’eau », plus dévastatrices que celles que l’on a connues au cours des siècles passés.
« Devons-nous nous y préparer ? ». Les guerres de l’eau sont évitables, mais il nous faut « une véritable culture et une politique de la sécurité hydrique » qui vise « la sécurité collective, intégrant une vision et une finalité de vie digne pour tous les habitants de la Terre ».
« L’humanité et les autres espèces vivantes n’ont pas besoin de conflits pour cette ressource, mais bien de nouvelles règles, de dirigeants qui entendent bâtir un monde différent, moins violent et qui évite le délabrement en cours ».
Voilà donc « cet appel à la mobilisation sans frontières en faveur de la sécurité hydrique pour tous. Ne laissons pas la prédation de l’eau au nom des intérêts des plus forts emporter la destinée de la Terre. La justice hydrique pour tous les habitants de la Terre nécessite d’urgence un grand acte de courage politique mondial : la mise en sécurité planétaire de la première res publica mondiale qu’est l’eau pour la vie ».
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