En des temps comme les nôtres, espérer n’est pas un luxe. C’est un choix conscient. Nous ne pouvons pas savoir si le monde changera, ni comment. Mais nous pouvons agir comme si l’impossible était possible : vivre comme si l’avenir dépendait de nous, même lorsque tout nous dit le contraire. La devise du pape François pour le Jubilé, « Pèlerins de l’Espérance », n’est pas un slogan religieux, mais un manifeste politique.
Le Jubilé de 2025 a pour titre et slogan : « Pèlerins de l’Espérance ». Cela m’a posé beaucoup de questions ; je me suis surtout demandé si, à notre époque, dans un monde traversé par des crises environnementales, des guerres, des inégalités croissantes et une perte de confiance dans les institutions, espérer n’était pas un geste naïf, voire inutile. Et pourtant, nous sommes invités à être des pèlerins de l’espérance, c’est-à-dire à espérer contre toute espérance : non pour nous bercer d’illusions, mais pour rester fidèles à un horizon de justice encore invisible, qui appelle chacun à une responsabilité radicale.
En des temps comme ceux-ci, espérer n’est pas un luxe. C’est un choix conscient. Nous ne pouvons pas savoir si le monde changera, ni comment. Mais nous pouvons agir comme si l’impossible était possible : vivre comme si l’avenir dépendait de nous, même lorsque tout nous dit le contraire.
Espérer l’impossible n’est pas une illusion, mais le premier acte d’une justice qui n’existe pas encore.
Et pourtant, précisément parce qu’elle n’existe pas encore, nous en avons plus besoin que jamais.
Espérer l’impossible, vraiment, pour dépasser la désespérance et la défiance
Nous vivons une époque étrange. Chaque jour, le monde nous sert son menu d’angoisses : guerres, crise climatique, intelligences artificielles hors de contrôle, solitudes mondialisées. Et maintenant, en plus de tout ce qui existe déjà, nous devons affronter aussi la crise entre Israël et l’Iran. Si quelqu’un ose dire « espérons que ça ira », la réaction fuse : « mais qu’est-ce que tu veux espérer ? »
Et pourtant, nous sommes invités à être des pèlerins de l’espérance. Cela semble un slogan, mais c’est en réalité un défi : croire à l’impossible, justement quand tout crie que tout est fini.
L’impossible comme seule possibilité
Nous ne pouvons plus nous tromper nous-mêmes. Nous ne pouvons plus parler de « politiquement correct », de pensée positive ou de petites phrases de motivation à mettre sur des pots. La vraie espérance est celle qui n’a aucune certitude, qui naît dans l’obscurité. C’est comme croire à la pluie au milieu du désert, ou à la paix au cœur de la guerre.
Mais attention : l’impossible n’est pas seulement ce que certains considèrent comme irréalisable. C’est ce qui brise l’automatisme du monde tel qu’il est. C’est le geste imprévu, la parole qui change tout, l’avenir que nous n’avions même pas osé imaginer.
Une politique attentive aux personnes
Nous devons parler et pratiquer une pensée, une action politique et sociale capables d’aller au-delà des clivages, sans « nous contre eux ». Seulement une attention radicale aux conditions de vie des personnes, qui qu’elles soient.
Il s’agit de vivre dans une condition permanente d’attente, afin que les règles du jeu puissent changer. Non parce que nous avons besoin de héros, mais parce que nous avons besoin de justice. Et cette justice peut naître de notre engagement quotidien, d’une manière que nous ne pouvons même pas imaginer.
L’espérance n’est pas naïveté, c’est du courage
Espérer aujourd’hui semble être un geste d’ingénuité, alors que c’est exactement le contraire : c’est un acte subversif, un refus de la résignation. Je ne sais pas si nous sauverons le climat, la démocratie, l’humanité. Mais nous devons vivre comme si ce qui semble impossible était possible.
Au fond, n’est-ce pas ce que font tant de jeunes qui descendent dans la rue pour le climat, la paix, le travail ? Ceux qui accueillent les migrants quand la mer et les gouvernements les repoussent et les déportent, ceux qui se battent pour les droits quand ils paraissent être un luxe du passé ? Ce sont les insensés d’aujourd’hui, les porteurs sains qui rendent possible l’impossible.
Espérer est un verbe au présent
À une époque où tout est cynique, où le mot « espérance » sonne faux comme une chanson des années 80 hors contexte, peut-être devrions-nous apprendre à l’utiliser à nouveau. Non pour nous bercer d’illusions, mais pour rester humains, pour ne pas abandonner l’avenir, pour ne pas perdre notre boussole morale.
« Être pèlerins de l’espérance » ne signifie pas rêver les yeux fermés, mais vivre les yeux grands ouverts, même lorsque la nuit semble ne pas finir.
Et espérer n’est pas une faiblesse. C’est un choix. Une responsabilité. Un acte politique.
Voir, Sperare oggi. Una responsabilità condivisa
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