Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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La géographie de l’espérance

Rivista Africa 21.04.2025 Rivista Africa Traduit par: Jpic-jp.org

Le jubilé du pape François, pèlerin de l’espérance. Tout au long de son pontificat, le pape François a accordé une attention constante et profonde à l’Afrique, un continent souvent marginalisé dans le débat mondial, mais placé au cœur de son magistère pastoral. Par ses voyages apostoliques, ses gestes symboliques et ses paroles fortes, le Pontife a voulu rendre leur dignité à des peuples blessés par les conflits, les injustices et la pauvreté, mais riches de foi, de culture et d’humanité.

 

La première grande étreinte avec l’Afrique a lieu en novembre 2015, lorsque François visite trois pays emblématiques : le Kenya, l’Ouganda et la République Centrafricaine. Cette dernière, en particulier, est le théâtre d’un geste qui marquera l’histoire du pontificat : l’ouverture de la Porte Sainte du Jubilé de la Miséricorde dans la cathédrale de Bangui, avant l’ouverture officielle à Rome. Un geste chargé de sens, accompli dans un pays marqué par des violences interreligieuses, pour affirmer que même dans les périphéries les plus souffrantes, la miséricorde peut éclore comme réponse à la haine.

En mars 2019, le pape se rend au Maroc, à l’invitation du roi Mohammed VI. Dans un contexte majoritairement musulman, François souligne l’importance du dialogue interreligieux et de la liberté religieuse. La rencontre entre les deux figures religieuses – le chef de l’Église catholique et le « Commandeur des croyants » – constitue un moment de haute portée symbolique. Le Pontife rappelle que la foi « ne peut jamais être imposée par la force » et lance un appel fort pour la protection des migrants, souvent en transit par l’Afrique du Nord : « Il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais de visages, d’histoires, de rêves et d’espérances ».

En 2017, le pape François se rend également en Égypte, terre aux profondes racines chrétiennes et au centre d’équilibres géopolitiques délicats. Au Caire, il participe à une conférence internationale sur la paix, organisée par Al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite. À cette occasion, le pape dénonce fermement toute forme de fondamentalisme, rappelant que « la violence est la négation de toute religion authentique ». Là encore, sa présence devient un signe de proximité et d’ouverture : un pont entre les croyances, au nom de la dignité humaine.

Huit ans après son premier voyage, en février 2023, François revient en Afrique subsaharienne pour visiter la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud. En RDC, il dénonce avec vigueur l’exploitation des ressources naturelles par des puissances étrangères et locales, déclarant : « L’Afrique n’est pas une mine à exploiter ni une terre à piller ». C’est un avertissement adressé non seulement aux dirigeants politiques et aux multinationales, mais aussi à la conscience collective de la communauté internationale.

Au Soudan du Sud, pays ravagé par une longue guerre civile, le pape accomplit un geste historique et sans précédent : il se rend en visite avec l’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, et le modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse, Iain Greenshields. C’est un témoignage d’œcuménisme concret, un appel à la réconciliation et à l’unité adressé à une nation profondément divisée. « Nous sommes ici comme des pèlerins de paix », déclare-t-il dans l’un des moments les plus émouvants du voyage.

Mais dès 2019, lors d’une retraite spirituelle au Vatican pour les dirigeants du Soudan du Sud, François avait posé l’un des gestes les plus puissants de son pontificat : il s’était agenouillé devant le président Salva Kiir et ses opposants Riek Machar et Rebecca Nyandeng de Mabior, leur baisant les pieds. Un geste désarmant, empreint d’humilité et de supplication, par lequel le pape implorait la paix : « Je vous le demande de tout cœur, restez dans la paix. Je vous le demande à genoux ». Une image forte, qui a fait le tour du monde, et qui exprime de manière tangible l’essence du lien entre François et l’Afrique : une relation faite d’écoute, de respect et d’un amour profond.

Une voix pour les périphéries du monde

Le lien particulier du pape François avec l’Afrique s’inscrit dans sa vision d’une Église « en sortie », attentive aux périphéries géographiques et existentielles. L’Afrique n’est pas seulement une étape géographique, mais un lieu symbolique où se croisent les grandes contradictions de notre époque : richesse et pauvreté, foi et violence, espérance et désespoir.

À de nombreuses reprises, même dans ses interventions publiques à Rome et dans les documents officiels – comme l’encyclique Fratelli tutti – le pape a attiré l’attention sur les injustices subies par les populations africaines, souvent réduites à des objets d’intérêts économiques et géopolitiques. En même temps, il a toujours mis en valeur la contribution unique de l’Afrique à l’Église universelle : une foi vivante, une jeunesse nombreuse, une culture communautaire qui représente une richesse pour le monde entier.

Dans la pensée de François, l’Afrique est un continent « espérance de l’humanité », malgré ses blessures. Dans de nombreuses homélies et discours, le Pontife a insisté sur l’urgence de « libérer l’Afrique des logiques coloniales et néocoloniales », non seulement économiques mais aussi culturelles. Son appel est à un changement de regard : ne pas regarder l’Afrique avec pitié, mais avec respect et ouverture.

En 2022, s’adressant aux membres des Œuvres Pontificales Missionnaires, François a déclaré : « L’Afrique est un continent jeune, plein d’énergie et de rêves. Mais c’est aussi un continent blessé, trop souvent oublié. Pourtant, Dieu n’oublie jamais ses enfants. L’Église doit apprendre d’eux une foi qui sait danser même dans l’épreuve ».

Le pape a également souligné que l’Afrique constitue un laboratoire spirituel pour l’avenir du christianisme. Dans un monde où la sécularisation progresse, le dynamisme des communautés africaines représente un patrimoine vital pour l’Église tout entière. « Là-bas – a-t-il affirmé à plusieurs reprises – la foi n’est pas une théorie, mais une force qui accompagne la vie quotidienne ».

Le Pape des derniers

Premier pape non européen depuis près de 1 300 ans, François a souvent été qualifié de « Pape des derniers ». Son choix de placer l’Afrique au centre de son pontificat en est une démonstration concrète. Il ne s’agit pas seulement de voyages symboliques, mais d’un engagement cohérent pour renverser les hiérarchies de la visibilité, pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas.

Ses paroles, prononcées avec fermeté et tendresse, ont traversé déserts, bidonvilles, hôpitaux et camps de réfugiés, résonnant comme un appel à la conscience mondiale. L’Afrique, dans son magistère, n’est pas une terre à « aider d’en haut », mais une réalité vivante, capable d’enseigner au monde la beauté de la solidarité et de la foi vécue.

Voir, Papa Francesco e l’Africa, un legame speciale

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Les commentaires de nos lecteurs (1)

Paul Attard 29.05.2025 A good article, clear and concise. Not academic!!!! I bought the Pope’s book in Spanish for Sabina. I see that he wrote it in Italian, with the title “Spera”. Strange why not in Spanish, his mother tongue.