Justice, Paix, Intégrité<br /> de la Création
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Les deux visages du fanatisme religieux

La Stampa 13.07.2025 Vito Mancuso Traduit par: Jpic-jp.org

Nazi-sionistes contre nazi-islamistes. Il existe un côté obscur du judaïsme qui naît de sa racine politique : l’israélisme.

 

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, n’aurait pas pu être plus clair en déclarant son objectif : « Une suspension totale de l’aide humanitaire ». Et il a justifié ainsi son affirmation : « Arrêter les aides nous conduira rapidement à la victoire ».
La victoire qu’il a en tête est indiquée par ce mot hébreu : herem, « extermination totale », en allemand Endlösung, « solution finale », le terme qui inaugura la Shoah.
D’autres ministres du gouvernement Netanyahou, le Premier ministre compris, sont sur cette même ligne.
Pourtant, certains affirment qu’il ne faut pas parler de « génocide ». Comment alors nommer cette volonté de faire mourir de faim tout un peuple ? Comment désigner cet anéantissement systématique ? Peut-on trouver un autre mot que « génocide » pour cette férocité poursuivie lucidement par ces nazi-sionistes portant la kippa, qui visent à anéantir toute la population de Gaza – et y parviennent ?

Ils se disent religieux, et il ne faut pas croire qu’ils le feignent : ils le sont vraiment. Tout comme le sont les nazi-islamistes du Hamas. Tous profondément religieux. Mais ici, ce n’est pas l’islam qui est en cause, c’est le judaïsme : quelle sorte de religion est-ce, si elle produit des êtres comme Ben Gvir et bien d’autres semblables, tous représentés par les partis religieux qui constituent l’âme et le fondement du gouvernement Netanyahou ?

La religion juive possède une double essence : spirituelle et politique. La première est proprement le judaïsme ; la seconde est ce que j’appelle « israélisme ».
Pour décrire la dimension spirituelle du judaïsme, je me réfère à un très ancien texte retrouvé sur un tesson remontant aux origines du peuple juif, cité par Amos Oz : « Ne faites pas ainsi et servez votre Seigneur. Jugez l’esclave et la veuve. Jugez l’orphelin et l’étranger. Implorons pour l’enfant, implorons pour le pauvre et la veuve. La vengeance appartient au roi ; protégez l’humble et le serviteur. Soutenez l’étranger ».

Commentaire magistral d’Amos Oz : « Ce message, écrit dans un hébreu sans équivoque il y a trois mille ans, contient des impératifs moraux et de justice nés d’une culture qui exige l’équité pour les faibles et les perdants […] Le cœur de la question se trouve précisément dans le serviteur, la veuve, l’orphelin, l’étranger, le pauvre, le malheureux, celui qui est dans le besoin ».

Ce fait de se tenir du côté des faibles, au nom de l’éthique, est ce qu’Oz appelle « la flamme intérieure du judaïsme ». C’est le même message que portait le juif Jésus, qui liait intimement l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Cependant, dans la Bible hébraïque, se trouve dès le départ, et de manière tout aussi décisive, une essence politique que je définis comme israélisme.
Joseph Klausner, intellectuel raffiné et grand-oncle d’Amos Oz, a écrit à ce propos : « Un simple fait ne doit pas être oublié, même si de nombreux savants juifs investis d’un sentiment de “mission” et presque tous les théologiens chrétiens le négligent : ce fait est que le judaïsme n’est pas seulement une religion, mais aussi une nation – une nation et une religion en même temps ».

Ici, ce n’est pas la conscience morale qui prévaut, mais la raison politique ; ce n’est pas la communion avec les étrangers, mais la suprématie ; ce n’est pas la solidarité avec les faibles, mais la force et le pouvoir.

C’est précisément pour cette raison que, dans la Bible hébraïque, à côté de la spiritualité de la solidarité, existe une idéologie du pouvoir et de l’oppression nationaliste et raciste envers d’autres peuples, idéologie qui engendre de nombreux Ben Gvir.
De cet israélisme, on trouve de nombreuses attestations dans la Bible. Prenons le livre du Deutéronome, dont l’idéologie est parmi les plus sectaires et les plus violentes de la littérature biblique et du monde antique.

Au début du septième chapitre, Moïse s’adresse au peuple sur le point d’entrer dans la Terre promise – alors appelée Canaan, plus tard nommée Palestine par les Romains – et déjà habitée par d’autres peuples, en ordonnant le comportement suivant : « Tu les détruiras totalement, tu ne concluras aucun pacte avec eux et tu n’auras point pitié d’eux » (Deutéronome 7,2).

Pourquoi ? « Car tu es un peuple consacré au Seigneur ton Dieu. C’est toi que le Seigneur ton Dieu a choisi pour être son peuple, son bien particulier parmi tous les peuples de la terre » (Deutéronome 7,6).

Selon l’idéologie deutéronomiste, l’élection divine implique l’amour d’Israël et, simultanément, la haine des autres peuples : « Tu dévoreras tous les peuples que le Seigneur ton Dieu te livre ; tu n’auras point pitié d’eux » (Deutéronome 7,16).

L’israélisme représente le côté obscur du judaïsme (chaque religion, ou même chaque réalité, a le sien). Cette idéologie vorace, génératrice d’injustice et de violence, est la base de l’action politique qui, aujourd’hui en Israël, guide le gouvernement actuel dans sa guerre d’extermination contre la population de Gaza et dans les vols systématiques de terres palestiniennes en Cisjordanie par les soi-disant « colons ».
Gouvernement et colons se sentent autorisés à perpétrer ce massacre et ces spoliations au nom des pages bibliques qui propagent l’israélisme.

Mais une chose doit être claire : tout comme il existe des fake news, il existe aussi des fake scriptures. Ces pages violentes et haineuses des Écritures hébraïques n’ont rien à voir avec la véritable essence du judaïsme, exprimée dans le tesson vieux de trois mille ans et dans de nombreuses autres pages bibliques.
La conscience morale des croyants qui considèrent la Bible comme leur livre sacré doit repenser entièrement l’exégèse et l’herméneutique des textes, de façon à ce qu’il ne puisse plus naître des individus comme Ben Gvir, qui se croient authentiquement religieux parce qu’ils empêchent l’aide humanitaire et font mourir un peuple de faim.

Tel est, à mon avis, le devoir que la conscience morale impose aux Églises et aux communautés juives qui veulent être réellement fidèles à la flamme intérieure du judaïsme.
Et c’est surtout la responsabilité de ces politiciens qui déclarent publiquement leur foi dans le Dieu révélé à Abraham, à qui il fut dit que « toutes les familles de la terre seraient bénies en lui » (Genèse 12,3).

Voir, Vito Mancuso: I due volti del fanatismo religioso

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